EPT Prague 2016 par PokerStars - Main Event - 1

Droit dans ses bottes

Main Event - Day 1A

Entamons notre série d'articles consacrés au Main Event avec l'un des joueurs Français les plus en forme du moment : Louis Linard. Labrik s'est récemment illustré aux plus hautes sphères online (runner-up de la Million Week) et live (troisième du Main Event de l'édition parisienne du circuit WSOP), et débarque donc à Prague avec un capital confiance que l'on imagine élevé.

En guise de table de départ sur le Day 1A, le Lillois a hérité du récent finaliste du Main Event Kenny Hallaert, Justin Bonomo (dont la troublante crête rose semble s'être installée de façon définitive sur son crâne rasé), Martin Kabrhel (l'un des grands héros du poker Tchèque) et le terrifiant Espagnol Adrian Mateos, vainqueur de l'EPT Monte Carlo en 2015 et détenteur de deux bracelets WSOP. Bref, le genre de casting 100% sharky que l'on n'a pas l'habitude de voir rassemblé aussi tôt sur un tournoi de six jours - en général, à ce stade d'un EPT, on a plus de chance de se retrouver en compagnie d'une majorité de joueurs peu connus.

Au milieu de ces cadors du circuit international, Labrik peut se prévaloir d’un relatif anonymat, qu’il a mis à contribution en payant tranquillement flop, turn et rivière avec une simple hauteur A5 lors d’une bataille de blindes contre Mateos.

Le board J4J97 se dévoile progressivement au cours des quatre tours d’enchères, l’Espagnol faisant culminer les mises à 4,200 sur la rivière. Confiant dans la force de son As, Labrik paie sans états d’âme. Bingo : Matos est à poil complet avec 65, autant dire même pas la moitié de rien du tout.

Au compteur après trois heures et quelque de partie : 200 joueurs seulement. Vous l'aurez compris : la majorité des participants sont à cette heure encore occupés par l'un des nombreux tournois annexes alléchants au programme aujourd'hui. Le grand débarquement se fera demain, à l'occasion du Day 1B.

Davidi fait déjà du Davidi

Main Event (Day 1A)

C parti pour le dernier EPT de l'histoire, dernière chance d'être le premier homme à faire le doublé

Main Event, Day 1 : 50% de sortants

Main Event (Day 1A)

Vous n'avez lu que peu d'articles à propos du Main Event aujourd'hui. Normal : malgré son appelation, le Main était tout ce qu'il y a de plus secondaire aujourd'hui, vu la quantité de grosses finales et tournois annexes au programme de ce lundi. D'autant que les Français étaient très peu nombreux au programme, et que Davidi Kitai s'est rapidement retrouvé short, pour finalement perdre un gros flip au retour du dîner.

Le Day 1A s’est terminé peu après minuit dans l’indifférence générale, les seuls y prêtant vraiment attention étant les quelques 120 joueurs encore en possession de jeton parmi les 246 au total ayant pris part au premier des deux flights de départ. Parmi les joueurs ayant d’ores et validé leur qualification pour le Day 2, citons Thi Nguyen, Adrien Allain (avec plus de 135,000), Romain Lewis, Louis Linard (« 20,000 tout rond »), Anthony Zinno, Johnny Lodden, Adrian Mateos, Tony Dunst, ou encore Frederik Nitsche.

Un bilan plus précis sera publié un peu plus tard. En attendant, rendez-vous est pris pour le Day 1B, où l'on retrouvera tous les joueurs du Team présents à Prague (sauf Davidi, forcément), et une floppée de qualifiés via nos satellites du dimanche soir, dont le serial perfeur belge Michaël Gathy et le récidiviste Ivan Deyra.

Day 1A : le bilan chiffré

Day 1A : 246 joueurs / 117 restants (dont 7 FR) - Chipleader : Henrik Hecklen (Danemark) 221 800

Top 10

Henrik Hecklen (Danemark) 221 800 Gang Wang (Chine) 152 000 Thomas Muehloecker (Autriche) 151 500 Eduards Kudrjavcevs (Lettonie) 146 100 Pedro Lamarca (Espagne) 140 100 Adrien Allain (France) 135 900 Dejan Divkovic (Bosnie-et-Herzégovine) 135 000 Johnny Lodden (Norvège - photo) 132 700 George Dunst (USA) 129 500 Netanel Amedi (Israël) 128 100

7 Français

Adrien Allain 135 900 Ahmed Fatah 113 200 Stephan Fajg 97 300 Romain Lewis 53 800 Thi Xoa Nguyen 40 000 Alain Carron-Abdoud 30 100 Louis Linard France 20 000

Le reste du field (sélection)

Pascal Lefrancois (Canada - photo) 114 900 Anthony Zinno (USA) 64 300 Dario Sammartino (Italie) 61 000 Sergio Castelluccio (Italie) 60 200 Sergio Aido (Espagne) 55 500 Juha Helppi (Finlande) 48 900 Martin Kabrhel (Rep. Tchèque) 37 500 Dominik Nitsche (Allemagne) 36 900 Jani Sointula (Finlande) 17 600 Steven van Zadelhoff (Pays-Bas) 17 000

Tapis moyen : 63 000 Blindes au départ du Day 2 : 500/1 000 ante 100

On pousse les murs

Main Event (Day 1B)

Avec plus de 700 joueurs déjà à table après deux heures de jeu, ce Day 1B s'annonce fort goûtu : la salle de tournoi principale du Hilton est entièrement remplie, et des croupiers sont positionnés en stand-by dans la salle secondaire, prêts à recevoir les derniers inscrits.

Si l'on considère les 246 joueurs du Day 1A disputé hier, la barre des 1000 joueurs est virtuellement déjà atteinte. Pour savoir si ce chiffre constituerait un record, j'invite les amateurs de chiffres à se rendre directement à la fin de cet article (réponse courte : non, mais nous n'en sommes pas loin).

Parmi les joueurs croisés lors de notre premier tour de table…

Assis à côté du November Nine James Akenhead (c'était en 2009, l'année d'Ivey), Michel Abécassis a déjà bien rentabilisé un brelan de 10 floppé avec 108 face à Florence Allera.
Pierre Calamusa a défini sa table comme étant "full reg". Ceux d'entre vous pensant déjà avec anxiété au régime qu'ils devront entreprendre après les fêtes se jetteront sur le dernier article du VietF0u sur le blog du Team.
Sa compagne Thi Nguyen a validé sa qualif pour le Day 2 hier avec un tapis de 40,000 : Jimmy Guerrero prend le relais sur ce Day 1B.
Il ne reste plus qu'une seule opportunité pour Fabrice Soulier d'améliorer son meilleur score à l'EPT : une troisième place à Campione (Italie) en mars 2012
Un mec debout avec un pull rose

EPT Prague : l'historique chiffré

2007 : 555 joueurs - Arnaud Mattern (France) 708 400 € 2008 : 570 joueurs - Salvatore Bonavena from (Italie) 774 000 € 2009 : 586 joueurs - Jan Skampa (Rep. Tchèque) 682 000 € 2010 : 563 joueurs - Roberto Romanello (UK) 640 000 € 2011 : 772 joueurs - Martin Finger (Allemagne) 720 000 € 2012 : 864 joueurs - Ramzi Jelassi (Suède) 835 000 € 2013 : 1 007 joueurs - Julian Track (Allemagne) 725 700 € 2014 : 1 107 joueurs - Stephen Graner (USA) 969 000 € 2015 : 1 044 joueurs - Hossein Ensan (Allemagne) 754 510 €

8 questions à… Ludovic Lacay

Main Event (Day 1B)

Il est temps de vous révéler une supercherie. De démasquer un mensonge. De soulever le voile sur un complot d'envergure internationale. Ludovic Lacay n'a jamais vraiment quitté le Team Winamax ! On vous l'avait pourtant annoncé au début de l'année 2015 : en fait, c'était du bidon. La preuve : Sir Cuts est inscrit au Day 1B de l'EPT Prague, trois mois après avoir pris part au WPO Dublin.

Par chance, j'ai croisé le vainqueur de l'EPT San Remo 2012 au bar hier soir : l'occasion de lui demander des explications (et de se faire payer une bière).

Hé, mais c'est Ludo ! Qu'est-ce que tu fous là ? Je te croyais à la retraite.

Lorsque j'ai quitté le Team Winamax, il restait encore du budget sur mon contrat, qui avait été renouvélé à la fin des WSOP au cours de l'été précédent. Du coup, il était convenu que je pourrais revenir jouer un tournoi de temps à autre. Comme le tout dernier EPT de l'histoire, par exemple !

S'arrêter au beau milieu d'un contrat de sponsoring, ce n'est pas banal. Pourquoi cette précipitation ?

En fait, cela faisait un moment que je voulais arrêter, mais l'échéance pour renouveler - ou non - mon contrat tombait pendant les WSOP. Vegas, ce n'est pas le meilleur endroit pour réfléchir, alors je me suis dit à l'époque que la meilleure solution était de « jouer la sécurité » plutôt que de sauter dans l'inconnu : j'ai signé un nouveau contrat. Mais au final, j'ai passé les six mois suivants à repousser mes échéances poker, et en janvier, j'ai fini par arrêter pour de bon.

Tu as fait quoi ?

Je me suis jeté dans l'inconnu ! J'ai passé un concours qui m'a permis de me porter candidat pour deux écoles très côtées en Angleterre. Dans le même temps, j'ai commencé un stage chez TicTrac, une start-up basée à Londres. Le but était de passer un MBA [Master of Business Administration, une maîtrise] Au bout de trois mois, je me suis rendu compte que le boulot me plaisait, et que le MBA n'était peut-être pas nécessaire : je pouvais directement apprendre le boulot au sein de la start-up.

En quoi consiste ton boulot ?

Je suis directeur produit. Un peu comme Guignol chez Wina ! TicTrac s'adresse aux personnes désireuses d'améliorer leur santé et leur style de vie, et d'exploiter au maximum leur potentiel. On analyse leurs données dites biométriques, et on leur donne les recommandations adéquates. Plus on a d'utilisateurs, plus on comprend la compléxité du corps humain, et plus on est à même de donner des conseils de qualité. On intervient beaucoup dans le domaine de la prévention des maladies chroniques. Prends l'exemple du diabète aux Etats-Unis : aujourd'hui, il y a 70 millions d'Américains qui ont un risque de diabète très élevé. En 2050, on prévoit que 80% de leur population sera diabétique. Le diabète, c'est des cachets quotidiens, des piqures d'insuline après chaque repas, ça coute 150,000 dollars par an et par patient. Avec les données que l'on collecte, on peut te dire si tu as un risque de diabète, et te donner un plan d'action pour t'empêcher de l'avoir. Et au milieu de tout ça, mon job est de construire le meilleur produit possible pour les utilisateurs, celui qui va fonctionner le mieux et séduire le plus de gens possible.

Tu suis encore l'actualité du poker ?

Très peu. Je sais que les Montréal Nationals ont gagné la Global Poker League, vu que je suis très pote avec Samuel Chartier. Je vois encore Sylvain Loosli à Londres de temps en temps. Je te vois toi. Et sinon, j'ai appris que l'EPT s'arrêtait. Dommage !

Tu n'es plus pro du poker. Tu t'es préparé quand même pour cet EPT ?

Pas du tout ! Heureusement, il y a des choses qui ne changent pas. J'ai fait le High-Roller Eureka et je me suis rendu compte que les joueurs moyens sont toujours moyens, et pour les mêmes raisons. Ils n'ont pas changé dans leur manière d'être moyen : du coup, ma « vieille » façon de jouer fonctionne encore. En revanche, les joueurs les plus forts ont changé leur façon de jouer. Ils jouent différemment, je ne comprends plus rien ! Mon feeling, c'est que je vais avoir du mal à rester patient : je n'ai plus l'habitude de rester assis huit heures de suite à une table de poker ! Sur le High-Roller, j'ai monté 90,000 aux blindes 400/800, et j'ai perdu quasiment tous mes jetons en deux coups : l'un où j'ai 0%, l'autre où je ne saurai jamais si j'avais raison vu que j'ai abandonné à la turn. Mais j'ai quelques automatismes qui reviennent. La petite voix qui te dit « hé, les ante arrivent, c'est le moment d'accélerer et de 3-bet » ou « ralentis un peu, il faut reconstruire ton image. » Mais j'ai peut-être moins de volonté pour suivre cette voix !

Tu comptes jouer le meilleur poker de toute ta vie cette semaine ?

Probablement pas, ha ha. Mais j'avoue que terminer le circuit EPT en devenant le deuxième et dernier joueur avec une double victoire, ça me ferait bien bander.

Avec ton statut un peu particulier au sein du Team, es tu obligé de te soumettre à la légendaire et terrifiante autorité du coach Stéphane Matheu ?

Il est plutôt détendu là dessus. Il m'a dit : « Tu as assez souffert durant toutes ces années, tu peux kiffer maintenant, amuse toi bien ! »

Ils sont en quête du doublé pour la dernière fois

Main Event (Day 1B)

On vous le répète depuis le début du festival : la dernière étape European Poker Tour de l’année 2017 est aussi la dernière tout court. L’EPT, c’est fini ! Pour ceux qui ont manqué l’information, je vous ai préparé une Foire aux Questions qui explique en détail le pourquoi du comment .

Si mes calculs sont exacts, le compteur des étapes EPT s’arrête donc au numéro 115, avec un total de 113 vainqueurs différents sur chacun des Main Event organisés au cours des douze dernières années. Un bon nombre de ces 113 vainqueurs sont en piste autour des tables du Day 1B : le photographe officiel de l’EPT en a compté 27.

Je n’ai pas la prétention de pouvoir tous les retrouver. Déjà, il y a presque cent tables (le compteur a dépassé les 800 inscrits) et puis, je ne me souviens pas de tout le monde. Bizarrement, d’ailleurs, j’ai une meilleure mémoire pour les « vieux » vainqueurs : si vous avez gagné un EPT au cours des douze derniers mois, j’ai moins de chances de vous reconnaître que si vous avez soulevé un trophée en 2008. La mémoire est ainsi faite.

Ceci étant dit, voici une sélection non exhaustive des joueurs qui peuvent prétendre, pour la dernière fois de leur carrière, à un doublé EPT… A noter que Vicky Coren, la seule joueuse pouvant accomplir un triplé, est aux abonnés absents à Prague.

Le Russe Maxim Lykov peut se vanter d'avoir gagné une étape qui n'est apparue qu'une seule fois au programme : celle de Kiev, durant l'été 2009. L'EPT avait décidé de se rendre en Ukraine en catastrophe après avoir été forcés d'annuler l'étape de Moscou. Probablement que je ne suis pas le seul à regretter de n'avoir jamais couvert un tournoi en Russie, mais il est vrai que les législations locales concernant les casinos et les gains aux jeux d'argent sont plutôt compliqués (on a déjà vu des pros étrangers se faire arrêter à l'aéroport parce qu'ils tentaient de quitter le pays avec plus d'argent qu'ils n'en avaient en arrivant). A l'époque, Lykov sortait de nulle part et avait fait forte impression à ses adversaires avec un style agressif et sans peur. Il a suivi ce coup d'éclat par une victoire sur une boucherie aux WSOP en 2011, et une 3e place sur l'EPT San Remo la même année. Depuis, il se fait plus rare sur le circuit.
Lorsque Michael Tureniec a gagné en 2011 ce qui était considéré comme l'EPT le plus difficile de la saison, celui de Copenhague, le Suédois roulait sa bosse depuis déjà pas mal d'années sur le circuit, ayant manqué de peu la victoire à Londres en 2008, et atteint la finale du défunt Partouche Poker Tour en 2009. Il continue de briller régulièrement en live. Dernier fait d'armes marquant : un premier bracelet WSOP cet été, sur le One Drop à 1111$, au terme d'une finale où l'on retrouvait Guillaume Diaz.
La victoire de Rémi Castaignon à Deauville en 2013 reste l'un de mes moments préférés sur le circuit : modeste et rafraîchissante. Le qualifié Winamax était arrivé en finale muni de 40% des jetons - un fait rarissimme - et malgré une faute de parcours d'entrée de jeu, avait continué son travail de sape pour gagner en un temps record. Depuis, on continue de le croiser régulièrement sur les grosses finales de Winamax, et sur le circuit live, en témoigne cette belle quatrième place sur une épreuve WSOP cet été.
L'arrivée de Benny Spindler sur le circuit, au début des années 2010, n'était pas passée inaperçue, avec sa dégaine de l'icône "emo" de Skype (toujours d'actualité aujourd'hui) et sa stratégie à contre-pied perfectionnée en ligne. A Londres en 2011, ses adversaires n'avaient rien pu faire pour le contrer.
Frederik Jensen est un autre de ces réguliers ayant eu besoin de nombreuses tentatives sur le circuit EPT avant de finalement triompher : ce n'est qu'en 2012 qu'est arrivé le titre, sur l'étape de Madrid, face à Kool Shen, Nicolas Levi et Ilan Boujenah. Le Norvégien a suivi avec une victoire à la maison sur l'Unibet Open de Copenhague (2014), et une troisième place à Barcelone en 2015.
D'après PocketFives, 27 nationalités différentes ont apposé leur drapeau sur un trophée EPT au cours des 114 étapes. Les Anglais et les Etats-Unis dominent le classement des pays, avec 17 titres chacun, mais il est indéniable que les joueurs Nordiques ont longtemps été les grands animateurs de l'EPT, occupant toujours au moins un ou deux sièges en table finale lors des premières années, avant de reculer quelque peu à mesure que d'autres pays émergaient comme places fortes du poker, comme l'Allemagne, la Pologne, ou la France. Le Danois Anton Wigg, lui, n'a disputé qu'une seule finale EPT, mais il l'a remportée : c'était à Copenhague en 2010.
Salvatore Bonavena est obligé de Google pour se rappeler de sa victoire : cela remonte déjà à 2008 ! Bel exploit de l'amateur italien au jeu atypique, qui est resté une présence constante et joviale sur le circuit au cours des années qui ont suivi.
La dernière victoire Française en date à l'EPT remonte à mars 2015 : elle avait d'autant plus marqué les esprits que pour la première fois, le dernier duel opposait deux Français. Jean Montury avait triomphé de Valentin Messina au cours d'un duel riche en émotions. Et au fait, combien de Français ont gagné un titre EPT en douze ans ? J'en compte neuf, dont cinq sont présents aujourd'hui : Pascal Perrault (Vienne, 2005), Jan Boubli (Barcelone, 2006), Arnaud Mattern (Prague, 2007), ElkY (Bahamas, 2008), Christophe Benzimra (Varsovie, 2009), Lucien Cohen (Deauville, 2011), Ludovic Lacay (San Remo, 2012), Rémi Castaignon, et Jean Montury. Evidemment, j'ai le même souhait que vous : qu'un Tricolore boucle la boucle à Prague cette semaine.

Partis trop tôt

Main Event (Day 1B)

Alors que le bureau des inscriptions continue de voir arriver en masse des joueurs munis de 5300€ et d'une réserve de confiance bien pleine (presque 900 joueurs au compteur : c'est officiel, le record de Prague établi en 2014 est battu !), et que l'on attaque le cinquième niveau de 75 minutes de la journée, certains font déjà leurs adieux au dernier EPT de l'histoire. Parmi les premiers sortants, on compte les Français Ouri Cohen, Antoine Saout, Sébastien Boyard, le Belge Bart Lybaert, le champion de Monte Carlo Jan Bendik, Rémi Castaignon, et deux pros du Team Winamax. Déjà !

La sortie de Gaëlle Baumann est aussi simple que douloureuse : deux Rois joués à fond préflop contre deux Dames, pour un pot de 60,000 (soit 200BB au moment des faits !) Un flop Dame-Valet-10 est retourné, inversant radicalement la tendance mais laissant Gaëlle avec quelques espoirs, qui ne seront pas concrétisés sur le turn et la rivière. J'ai beau être matinal, j'ai mal.
De son côté, Florian Decamps a rapidement perdu les trois quarts de son tapis, avant de trouver un spot pour re-steal, sous la forme d'une paire de 9. Las : en face, on l'attendait avec les Rois. A noter que Derek, le frangin du Top Shark, fait partie des joueurs du Day 1B. On lui souhaite plus de chance qu'à Florian !

Des bets et des busts

Main Event (Day 1B)

Ils sont au moins trois au sein du contigent Français (fort de plus de 60 combattants au total) a avoir définitivement mis au placard leurs ambitions de gagner un EPT durant l'heure qui vient de s'écouler : Victor Choupeaux, Davy Fradet, et le vainqueur WiPT Pierre Merlin. Maigre consolation pour ces trois grinders : ils éviteront la cohue de la pause-dîner, qui verra près de 800 joueurs se ruer vers le buffet ou l'un des quelques restos proposés aux participants au sein de l'atrium de l'hôtel Hilton. La dite pause débutera à 20 heures 20 et durera 75 minutes.

Du côté du Team Winamax, la première vraie bonne nouvelle du jour nous vient de Pierre Calamusa, qui est passé à 60,000 après avoir bien rentabilisé une top paire floppée sur QJ5 : Pierre paie le c-bet de son adversaire au flop, puis relance à 20,000 sur la rivière, un 5, face à une dernière mise de 5,000 (le turn 2 a été checké des deux côtés). Un « call-muck » plus tard, et voilà le Day 1B du VietF0u lancé.

Parmi les compatriotes récemment repérés autour des tables du Day 1B…

Gilbert Diaz

Gabriel Nassif

Destins opposés

Certains rient, d'autres pleurent : alors que Guillaume Diaz quittait discrètement le tournoi après avoir "littéralement pas gagné un coup", Pierre Calamusa se goinfrait tel un impénitent mangeur de Chocapics. Muni d'une paire de 7, Pierre paie une ouverture à 1200 venue du joueur UTG, et voit le bouton augmenter les enchères à 3800. UTG paie : aucune raison de ne pas tenter le "set mine".

En voilà une idée qu’elle était bonne : le flop tombe 976 : Pierre donk-bet joyeusement 6000 après un check d’UTG. C’est payé par le bouton, mais pas par UTG. Il ne reste donc plus que deux joueurs pour voir tomber le turn Q.

Pierre ne fait pas dans le détail : après avoir zieuté le stack adversaire (26,000 environ), il s'empare d'une grosse pile de jetons bleus valant 5,000, et l'envoie derrière la ligne.

L’hésitation adversaire ne durera guère longtemps : c’est payé. Avec une main légitime, mais battue à ce stade : KK.

La rivière est sans conséquence : voilà Pierre qui se débarasse d'un adversaire, et passe à 115,000, soit presque trois fois le tapis de départ.

Dans le jargon, on appelle ça « mettre la main au milieu »

Avant de partir manger, on fait le point sur le Team…

Pierre Calamusa 115 000
Sylvain Loosli 50 000
Michel Abécassis 32 000
Ludovic Lacay 30 000
Kool Shen 9 000
Guillaume Diaz OUT
Florian Decamps OUT
Gaëlle Baumann OUT

Tableau de bord
770 joueurs restants (sur plus de 920 au départ)
Blindes après le dîner : 300/600 ante 75
Tapis moyen 35 000

bonne chance pour tout le jouer

L’insoutenable légereté de l’être

Je vous le confesse : le titre de cet article n'a pas grand rapport avec la choucroute, si ce n'est que le bouquin de Kundera se déroulait pendant le Printemps de Prague. Mais l''expression me vient à l'esprit en réalisant l'étendue de l'hécatombe en cours dans la salle de tournoi : nous ne sommes que peu de choses.

Depuis le retour du dîner, les espoirs de dizaines de joueurs ont été réduits à néant, parmi lesquels ceux de pas mal de sommités, serial perfeurs, anciens champions EPT du style de Benny Spindler, Michael Tureniec, Dara O'Kearney, Kevin MacPhee, Walid Bou Habib, William Kassouf, ou encore Liv Boeree.

Le Team Winamax n'est pas épargné par l'épidémie : Kool Shen a perdu ses derniers jetons sur un pilouf*, tandis que Michel Abécassis, muni de son stack de départ, a 3-bet préflop puis envoyé trois barrels avec les As sur K65Q8. En face : un Roi-Dame gagnant dès le turn.

Pendant ce temps, Davidi Kitai voulait se consoler de sa toute dernière élimination d'un Main Event EPT en perfant sur le High-Roller 25K joué en une seule journée : le Belge a sauté à cinq places de l'argent, en 16ème place !

* « Pilouf » : nom masculin (verlan). Dérivatif de « pile ou face ». Exemple : « Vazy, encore deux Dames contre As-Roi, commence à me saouler de toujours sauter sur un pilouf ! »

En quête de doublé (suite)

On poursuit notre tour d'horizon des champions EPT venus tenter leur dernière chance de doublé à Prague...

OK, Kevin MacPhee a sauté en milieu de Day 1B. Mais impossible de ne pas le mettre dans notre galerie non-exhaustive des anciens champions marquants : l'Américain a remporté en 2010 le plus rocambolesque de tous les EPT, celui de Berlin. Ceux qui étaient sur place, où ceux qui étaient devant le stream, n'oublieront jamais la scène : des centaines de joueurs prenant les jambes à leur cou en plein milieu du Day 5, lorsque des hommes armées de pistolets et de machettes ont fait irruption dans la salle. Un braquage ! Pendant un EPT ! Personne n'a été sérieusement blessé, et partie a pu reprendre (les auteurs du méfait, qui s'étaient échappés avec plusieurs centaines de milliers d'euros ont été ensuite apréhendés et pour la plupart condamnés) mais le reste du tournoi n'a forcément plus eu la même saveur... Et, cela va de soi, la sécurité des tournois a été sérieusement renforcée par la suite.
A ce jour, le palmarès de l'European Poker Tour ne comporte que trois joueuses : Vicky Coren (deux fois sacrée, en 2006 à Londres et à San Remo en 2014), Sandra Naujoks (Dortmund, 2009), et Liv Boeree, championne à San Remo en 2010, et l'une des vraies rock-stars du circuit avec son pedigree atypique. Une astrophysicienne fan de métal qui explose sur la scène poker ? Cela ressemble à un mauvais scénario de série télé, mais c'est l'histoire pas banale qu'a vécue l'Anglaise.
Roberto Romanello nous a aussi offert l'un des plus beaux moments de l'histoire de l'EPT. Que voulez-vous, nous sommes de grands sentimentaux : un homme qui se permet de faire couler ses larmes devant un public hurlant et applaudissant après avoir l'avoir vu remporter son premier titre majeur, cela ne peut que nous faire fondre aussi. C'était à Prague, en 2010.

Trois joueurs du Team seront au Day 2

Fin du Day 1B

Franchir la première journée d'un tournoi qui en compte six n'est généralement pas considéré comme un accomplissement notable. Mais il y a des jours où la chose prend des airs de fait homérique, ou tout du moins de source de grand espoir. Peut-être parce qu'il s'agit du tout dernier festival European Poker Tour et qu'après, il faudra passer à autre chose.

Ou peut-être parce que le Team Winamax ne compte plus que trois joueurs en course au terme de ce Day 1, parmi neuf au départ. Exit MIK22 et ses As craqués, adios un Kool Shen fâché avec les flips, salut Gaëlle aux Rois perdants, bye bye Volatile38, ciao Florian Decamps… Ils rejoignent Davidi, éliminé dès le Day 1A, dans le rang de ceux pour qui l'EPT n'est déjà plus qu'un souvenir. On se consolera en se disant qu'au global, près de 50% 933 des partants du Day 1B ont subi le mort sort. Et l'on se tournera vers ceux qui ont encore un avenir dans cet ultime Main Event aux couleurs du drapeau Européen.

Sylvain Loosli achève son premier tour avec 50,000, un poil en dessous de la moyenne. "J'ai fait deux calls rivière plutôt borderline", raconte le November Nine. "Bon, il y en a un qui était carrément mauvais. Et l'autre qui était tendu. En tout cas, ils étaient tous les deux perdants ! Ensuite, j'ai grind pas mal de pots, et on m'a souvent payé quand j'avais la meilleure main. C'est ça qui est bien, avec les joueurs ici, ils ont toujours envie de vérifier si tes papiers sont en règle !"

« Si mon jeu short-stack avait été aussi sérré lorsque j’étais pro, à l’heure qu’il est je serais au Hall of Fame avec un milliard de gains. » C’est l’une des raisons pour lesquelles Ludovic Lacay me manque sur le circuit : sa capacité à te sortir LA phrase qui fera rire les lecteurs le lendemain, sorte de brag plein d’auto-dérision mais contenant tout de même la petite dose de sérieux sans laquelle Cuts ne serait jamais devenu ce qu’il est. Ainsi, pour son come-back estival sur le circuit, Ludo a découvert sur le tard les vertus de la patience, deux ans après avoir raccroché les gants. L’ancien pro est tombé aussi bas que 7,000 durant ce Day 1. Il y a quelques années, ça aurait signifié plus souvent que jamais une élimination rapide, mais pas ici. En vacances, Ludo s’est permis autre chose : l’attente. "J’ai remonté à 28,000 sans avoir à montrer mes cartes. C’était très agréable… " Pas facile à une table qui s’est petit à petit remplie de short-stacks : il y a eu énormément d’éliminations à la table de Ludo aujourd’hui. On retrouvera le retraité au Day 2 avec un stack de 41,000 unités.

Le prix du meilleure élève Winamax de la journée revient à Pierre Calamusa : avec 158,000, LeVietF0u a multiplié son stack par cinq aujourd’hui. « Je n’ai pas joué depuis un moment : j’avais à coeur de bien faire. Je me suis bien préparé, je suis arrivé à l’heure, et les cartes ont coopéré. » Les ingrédients d’une journée réussie ? De belles mains qui se font bien payer, des instincts affutés, et du respect à table : Pierrot a bénéficié de tout cela en ce Day 1B. On évoquera en guise d’exemple ce brelan floppé contre une overpaire, cette paire d’As contre qui un adversaire décide de shove avec As-Dame, ou des adversaires qui ont invariablement choisi de sagement abandonner lorsque Pierre décidait de miser gros avec un jeu faible. Bref : le dernier EPT du Viet commence sous les meilleures auspices !

Pour compléter la photo de familel ci-dessus, deux joueurs habitués de Winamax : Adrien Delmas (finaliste du WPO Dublin en 2014 - 32,400) et Ivan Deyra, neuvième ici l'an passé (89,000).

Parmi les autres Français que nous avons croisés en train d'emballer des jetons en fin de Day 1B : Gabriel Nassif, Jean-Jacques Zeitoun, Antonin Teisseire, Erwann Pecheux, Jean Montury, Jérôme Zerbib, Clément Genon, Yohan Guilbert, Fabrice Soulier, Gabriel Nassif

Comme d'habitude, un bilan chiffré plus complet suivra, soit ce soir, soit demain matin, cela dépendra principalement du nombre de bières que je m'apprête à boire dès maintenant avec les confrères. Bonne fin de nuit !

Tableau de bord
495 joueurs restants environ à la fin du Day 1B (sur 933 au départ)
600 joueurs environ au départ du Day 2
Tapis moyen : 56,000 et des brouettes
Blindes au départ du Day 2 : 500/1 000 ante 100

Day 1B : le bilan chiffré

Day 1A : 246 joueurs / 117 restants (dont 7 FR) - Chipleader : Henrik Hecklen (Danemark) 221 800 Day 1B : 934 joueurs / 476 restants (dont 36 FR) - Chipleader : Ronald Morandini (USA) 237 400

Top 10

Ronald Morandini (USA) 237 400 Matas Cimbolas (Lituanie) 215 100 Anton Petrov (Russie) 214 800 Alexander Paygusov (Russie) 183 200 Maxim Lykov (Russie) 180 400 Michal Ozimek (Pologne) 162 600 Marton Czuczor (Hongrie) 161 600 Pierre Calamusa (France, Team Winamax) 158 000 Michiel Broskij (Pays-Bas) 156 000 Van Hiep Tran (Allemagne) 155 500

36 Français

Pierre Calamusa 158 000 (Team Winamax) Jean-Jacques Zeitoun 155 000 Joseph Sabe 153 000 Arnaud Peyroles 126 000 Clement Genon-Catalot 114 300 Gilbert Diaz 106 900 Isabel Baltazar 104 400 Benjamin Pollak 102 300 Imad Derwiche 100 000 Paul-Francois Tedeschi 96 400

Xavier Detournel 91 300 Ivan Deyra 89 000 (Qualifié Winamax) Arthur Conan 78 200 Mathieu Sélidès 72 600 Samy Salah 69 000 Jean Souprayenmestry 61 800 Jerome Morelli 54 500 Sylvain Loosli 50 300 (Team Winamax) Sonny Franco 50 100 Jérôme Zerbib 48 100

Raphaël Blouet 43 100 Ludovic Lacay 41 000 (Team Winamax) Jean Montury 40 000 Arnaud Mattern 38 900 Stephan Gerin 35 700 Adrien Delmas 32 400 Gilles Huet 31 500 Erwann Pecheux 29 900 Fabrice Soulier 29 500 Gabriel Nassif 28 900

Antonin Teisseire 28 800 Pierre Morin 23 100 Antony Mezzarobba 20 200 Derek Decamps 20 100 Jean-Philippe Rohr 13 900 Johan Guilbert 12 800

Reste du field (sélection)

Nicolas Chouity (Liban) 145 700 Joao Vieira (Portugal) 122 300 Zvi Stern (Israël) 105 200 Ka Kwan Lau (Espagne) 98 100 Dietrich Fast (Allemagne) 97 300 Igor Kurganov (Russie) 95 000 Felipe Ramos (Brésil) 94 500 Mustapha Kanit (Italie) 92 000 Jake Cody (UK) 89 700 James Akenhead (UK) 79 000

Roman Korenev (Russie) 74 300 Jason Wheeler (USA) 69 500 Luca Pagano (Ialie) 65 400 Sebastian Malec (Pologne) 64 100 David Peters (USA) 63 200 Anton Wigg (Suède) 62 500 Martin Finger (Allemagne) 50 500 Ismael Bojang (Allemagne) 48 000 Jonathan Abdellatif (Belgique) 41 300 Christopher Frank (Allemagne) 33 700

Kristen Bicknell (Canada) 32 700 Vanessa Selbst (USA) 32 200 Fatima Moreira de Melo (Pays-Bas) 25 400

Tapis moyen : 58 865 Blindes au départ du Day 2 : 500/1 000, ante 100

La der des fers. Merci pour les photos !

A12C413:
Merci pour les photos !


Et les textes tu t'en fous ? :evil:

on a l’impression d’y etre … merci benjo super boulot :wink:

BenjoDiMeo:
Pierre Calamusa se goinfrait tel un impénitent mangeur de Chocapics.

:mrgreen: