Le plus dur reste à faire
EPT Dublin - Day 4Après trois journées de jeu dans le Main Event de l’étape European Poker Tour de Dublin, seuls 45 joueurs peuvent encore prétendre au titre parmi les 605 qui avaient pris le départ. On pardonnera à l’observateur non initié aux rouages des tournois pros qui passerait par là de penser que le tournoi est bientôt fini, que la dernière ligne droite est déjà entamé. Certes, plus de 92% des participants ont été éliminés en trois jours, et les joueurs restants sont maintenant concentrés autour de six tables, pas une de plus. Mais un simple coup d’oeil au programme remettra les choses en place : autant de journées seront nécessaires pour nettoyer les 8% restants et couronner un vainqueur.
Nous n’en sommes donc qu’à mi-chemin de ce tournoi ! Et si vous voulez mon avis, le plus beau reste à venir au cours des trois journées qui arrivent.
Car c’est bien dans la seconde moitié de l’épreuve que toute la beauté du poker de haut niveau se manifeste, à mesure que l’on progresse dans l’échelle des prix pour atteindre des sommes potentiellement life changing.
C’est dans cette seconde moitié du tournoi que le poker devient de moins en moins un jeu de cartes, et de plus en plus un jeu de jetons, et de position. Un jeu où l’avantage qu’ont les meilleurs joueurs devient presque visible à l’oeil nu, et où savoir jauger une situation - repérer le spot parfait pour 4-bet avant le flop avec 7 et 4 contre un joueur fébrile, faire tapis sur la rivière avec un tirage manqué pour faire passer une grosse paire, et des millions d'autres choses encore - devient aussi important que de remporter un coin-flip, ou recevoir les As ou les Rois. On verra moins de showdowns aujourd'hui, les cartes seront moins souvent retournées, et lorsqu'elles le seront, ce sera souvent avant le flop, mais l'on verra d'autant plus de coups intéressants.C’est le moment du tournoi où une erreur de dix ou vingt blindes peut modifier radicalement l’issue de votre partie, et le chèque que vous recevrez au final.
C’est le moment du tournoi où l’on joue des coups auxquels on repensera encore dans dix ou vingt ans.
C'est le moment du tournoi où le poker devient autant un sport qu'un art, une affaire de préparation autant que d'inspiration, une activité d'esthètes autant que d'athlètes.
C’est le moment du tournoi où le slogan d’une célèbre salle de poker, loin d’être un cliché à tourner en dérision, devient une réalité.
Car oui, à ce stade du tournoi, l’important ce ne sont pas les cartes, mais bel et bien ce que vous en faites.