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EPT Dublin 2016 - 3

Top Shark Puissance 4

Florian Decamps ne pouvait mieux entamer ce Day 3 (qui, au passage, s’étalera sur cinq niveaux de 90 minutes et s’achèvera donc vers 21 heures) : le Top Shark a rien de moins que quadruplé son tapis en moins de trente minutes !

Dès la première main de la journée, 1flip 2win pousse ses 8BB avec As-9 après la relance d’un joueur. Ce dernier est plus ou moins « commit » pour payer avec As-8, et l’avantage de Florian tient. Quelques minutes plus tard, Florian trouve les Valets de BB et 3-bet : son adversaire abandonne.

La machine est lancée : voilà Florian qui passe en quelques instants de « moribond » à « requinqué », avec un tapis passant pour la première fois la barre des 100,000 !

Fast food

Les tables de ce Day 3 sont particulièrement belles. Prenez par exemple celle de Pierre Calamusa : outre Pierre Neuville, on y retrouve un Adrien Allain (photo)et un Mike McDonald particulièrement bien stackés, et prêts à en découdre. Témoin cette main où le plus jeune vainqueur de l’histoire de l’EPT (Dortmund, 2008) relance à 6,500 en début de parole. Il est 3-bet par Adrien (16,000) mais reste dans le coup. Le flop Ah6h3h apporte une avalanche de coeurs : Adrien c-bet 15,000 et McDonald check/fold sagement. En attendant le prochain round ?

Martini sec

La première élimination française de la journée est survenue après trente minutes de jeu, lorsque Julien Martini a poussé 36,000 et tapis (12BB) avec A9 après une relance d'Anton Wigg UTG. Ce dernier ne s'est pas fait prier pour payer avec As-Dame, et est resté en tête. Un peu plus tôt, Martini avait perdu quelques précieux jetons après s'être fait check/raise sur un flop A3K.

Saout au galop

Après avoir brièvement retrouvé son collègue parmi les November Nine 2009 James Akenhead ("En fait on se voit régulièrement, on joue les mêmes tournois à Londres !"), Antoine Saout a vu sa table casser, et a été déplacé à une autre semble t-il un poil moins sharky... Mais qui sera la prochaine à casser.

Les nouvelles sont bonnes du côté du Breton, passé de moins de 100,000 à 260,000 durant la première heure du Day 3, suite à plusieurs coups gagnés. Certains furent faciles à jouer : « J’ai éliminé un short-stack avec une paire de 6 contre As-4 ». D’autres, en revanche, furent propice aux maux de tête : « Je paie une relance au bouton avec As-Dame. Flop 2-3-4, je paie 10,300. Je trouve la Dame sur le turn, je paie 26,000. Rivière : Roi, il mise 55,500 ! Je réfléchis un moment, le time est demandé, je paie à la toute dernière seconde, il me montre As-Valet. » Antoine a aussi su se montrer astucieux lorsqu’il a trouvé la quinte max avec Dame-Valet sur un board Roi-10-8-8-As, refusant de miser sur la rivière pour mieux check/raise son adversaire.

Gaëlle à tapis

Décidément, nos Français se montrent très actifs durant le premier niveau de ce Day 3 ! Dernier coup fumant en date, celui joué par Gaëlle Baumann avec... Attendez, rapprochez-vous un peu. La cible de Gaëlle sur cette main étant assise juste à sa gauche, Gaëlle chuchote son récit afin de ne pas se faire entendre de son voisin : "Je relance UTG+2 avec 8-X [je garde volontairement le secret sur la 2e carte]. Flop J93, je c-bet 7,800, c'est payé. Turn K. Je mise 12,500, il relance à 37,000, je paie. Rivière : Q." Gaëlle checke pour mieux piéger son adversaire : ce dernier mise 45,000 et Gaëlle répond en annonçant "all-in". Son adversaire abandonne après un long moment de réflexion et Gaëlle révèle une partie du mystère en retournant une seule de ses cartes (le 8, bien entendu) "Préflop, je le sentais pressé de jouer, il a voulu relancer avant même que ce ne soit son tour", commente t-elle. "Il avait l'air d'avoir une belle main. Je me demande s'il a touché le brelan..."

Des ch’tites games de légende

Après les excellents départ de ses coéqupiers Gaëlle Baumann et Florian Decamps, Pierre Calamusa ne pouvait pas se permettre de les laisser occuper seuls les gros titres de ce reportage. LeVietF0u s'est donc lui aussi employer à jouer plusieurs gros pots, certains tout à fait spectaculaires. Le premier contre un joueur qui a laissé une impression mémorable à toute la table, dilapidant un capital de 140,000 en deux temps trois mouvements. C'est ce que Pierre me raconte avec son débit mitraillette :

« Il shove 1,5 fois le pot sur As-Dame-7-2-3… Il se fait snap call par As-Dame… Derrière je relance T7, il défend sa BB. Flop TT6, check/check. Turn 2, check/check, rivière 3 il mise 2,5 fois le pot, je paie il montre Valet-9 dépareillés… Cinq minutes plus tard il c-bet sur 885, Pierre Neuville fait tapis, il paie avec A3, Pierre a AJ… Dingue ! »

Pierre me raconte aussi ce coup tout à fait « VietF0uesque » : « Je relance au bouton avec T9, un mec dans les blindes fait 13,500, je lui mets 65,000 dans la bouche. » L’issue du coup ? Pierre est payé par un As-Roi dominateur, mais se propulse numéro 1 au hit-parade des flops de rêve en trouvant 678.

LeVietF0u entame le deuxième niveau du Day 3 avec un tapis de 165,000. Blindes : 2,000/4,000, ante 500.

Edouard à la dure

Malgré un double-up contre Chris Moorman durant le premier niveau, Edouard Mignot n'entrera pas dans les places payées, après un dernier coup malchanceux joué avec As-Dame et 70,000 unités poussés avant le flop en 4-bet. Son adversaire, qui avait sur-relancé à 21,000, se tâte avant de compléter avec un maigre Roi-Valet. Bien lui en a pris : le flop lui apporte deux paires, et le turn est le dernier clou renfermant le cercueil du Français : un Valet.

Florian décampe

Fin de parcours à quelques encablures de la bulle pour notre nouveau Top Shark ! 1flip 2win a poussé ses 14 blindes au cut-off avec As-6, ayant remarqué que les joueurs situés dans les blindes possédaient plus ou moins le même tapis que lui - un bon signe pour sa fold equity. Las, le bouton a payé Florian avec un As-10 dominant, scellant l'élimination du Top Shark aux alentours de la centième place.

Après cette entrée en matière plutôt prometteuse qui lui a permis de s'intégrer au groupe, on retrouvera Florian d'ici deux semaines pour la finale du Winamax Poker Tour à Paris en compagnie du Team au grand complet.

Aux portes de l’argent

Le deuxième niveau de la journée a vu beaucoup de nos Français fluctuer, certains vers le haut, d’autre vers le bas, voire la sortie. Avant de vous donner plus de détails, voici l’état des stacks tricolores avant l’entame du niveau 2,500/5,000 ante 500, qui sera surement celui de la bulle puisqu’il ne reste que 91 joueurs en course pour 87 payés :

Adrien Allain 380 000 Pierre Calamusa (Team Winamax) 340 000 Antoine Saout 340 000 Ivan Deyra 150 000 Gaëlle Baumann (Team Winamax) 145 000 Fabrice Soulier 31 000 Jean-Noël Thorel : OUT !

Thorel fidèle à lui-même (hélas)

Le passage de Jean-Noël Thorel au sommet du classement n’aura été que de courte durée : l’amateur et fréquent visiteur des tournois High Roller du circuit Européen a dilapidé son capital de 370,000 en un temps record. Pas si surprenant pour tous ceux qui savent combien Thorel rechigne a jouer prudent et serré, mais frustrant aussi, tant on aimerait de plus que de pouvoir observer le Français faire tourner en bourrique une finale EPT avec son style ultra erratique et agressif.

Nous n’avons pas tous les détails de la dégringolade, juste l’ultime étape de celle-ci, alors qu’il ne restait plus que 100,000 à Thorel. L’histoire est racontée par Antoine Saout : « Il relance 9,000 au cut-off. Au bouton, je 3-bet à 26,000 avec une paire de 10. Le flop tombe Valet-10-2 avec un tirage trèfle. Thorel fait tapis, je paie, il a Roi-Dame de pique. » Turn 2, rivière Dame, allez ouste !

Happy meal

Les bonnes nouvelles continuent d’affluer du côté de Pierre Calamusa. Lle vainqueur du WPO Dublin s’est frotté à plusieurs reprises à l’un des grinders les plus dangereux du circuit, Mike McDonald, et si l’une de ces confrontations à tourné à l’avantage du Canadien, qui a payé sur la rivière un bluff du VietF0u, ce dernier s’est rapidement rapidement rattrapé lors d’une bataille de blindes juteuse. « Il relance de SB, je paie avec Dame-10. Flop Roi-4-3 avec deux trèfles, il mise 11,000, je call. Turn Valet. Check/check. Rivière : As. Je suis max. Il check, je mise 20,000, il fait tapis, snap-call, il a 6-3 offsuit. Dis, tu peux titrer ta news 'McDonald, remballe !" ?»

Gamelle Baumann

Niveau difficile pour Gaëlle Baumann qui a enchaîné les spots compliqués : un bluff qui ne passe pas (3-barrel d’une paire de 4 sur Valet-9-3-As-Roi contre 33), puis un value-bet qui n'en était pas un avec Roi-DSame sur J47TQ (son adversaire paie avec le brelan de 10). Gaëlle aborde la période de la bulle avec moins de trente blindes : il est probablement temps de resserrer un peu les boulons en attendant des jours meilleurs.

Parmi les éliminés pré-bulle, on compte :

Fernando Brito Jude Ainsworth Chris Moorman Steve O’Dwyer

Vite fait bien fait

Sven Magirius profite des dernières secondes de son tournoi

Une main, par une de plus : la période de « hand for hand » de l’EPT Dublin fut délicieusement brève. Un joueur allemand du nom de Sven Magirius a poussé 21,000 et tapis (4BB) et a vu Alexandre Rivero l’imiter au cut-off. Les superviseurs ont mis en pause l’action le temps que les autres tables finissent leurs mains en cours, après quoi les jeux ont été retournés :

AK pour Magirius, en danger d’élimination face à la pocket paire
TT de Rivero.

Le board 987 n’a pas arrangé les affaires de Magirius, et après le J sur le turn, il ne pouvait plus espérer qu’un split.

Rivière : 9. Fermez le ban !

Ils sont ITM

6 Français : Gaëlle Baumann, Pierre Calamusa, Adrien Allain, Ivan Deyra, Antoine Saout, et Fabrice Soulier

A l’international : Luca Pagano, Liv Boeree, Anthony Zinno, Adrian Mateos, Anton Wigg, Mike McDonald, Dominik Panka, Dzimitry Urbanovich, Jamie Staples, Andrew Chen, Tim Adams...

Tous sont assurés remporter un minimum de 9,100 euros, tout en ne pensant bien sûr qu'au premier prix de 561,900 balles.

Saout payé

En table TV, Antoine Saout a ajouté un scalp à sa collection : celui de l’Irlandais Kevin Killeen, qui a poussé ses derniers jetons avec un A3 largement dominé par la pocket paire 33 du Breton. Le presque-champion-du-monde-2009 ne souffrira pas sur un board Valet-Roi-8-9-6, ajoutant quelques jetons de plus à un stack déjà imposant - plus de 500,000 aux dernières nouvelles.

A noter qu’il ne reste plus que trois joueurs locaux en course après l’élimination de Kileen !

Il reste 73 joueurs

Le troisième niveau du Day 3 est derrière nous : plus que deux à jouer, et l'on pourra songer à nos plans pour la soirée. Alors que le field se réduit désormais à rythme ralenti, nos six Français se maintiennent, certains enregistrant de belles progressions, tandis que d'autres subissent quelques galères, on détaille cela dans les prochains articles :

Antoine Saout 515 000
Adrien Allain 380 000
Pierre Calamusa (Team Winamax) 180 000
Gaëlle Baumann (Team Winamax) 115 000

Ivan Deyra 111 000
Fabrice Soulier 41 000

L’ante va doubler lors du prochain niveau (de 500 à 1,000) tandis que les blindes passent à 3,000/6,000.

Tableau de bord
73 joueurs restants (sur 605 au départ)
Tapis moyen : 245 000

Une orbite avec LeVietF0u et Zlatan35

Quand deux Français emblématiques de la génération online se retrouvent assis côte à côte, le spectacle est assuré. Démonstration.

1/ Pierre Calamusa est au cut-off et voit un joueur relancer UTG. Notre Français décide de 3-bet à 26,500, et voit son adversaire revenir à la charge avec un 4-bet bizarre à 79,000. La réaction du VietF0u sera tout aussi étrange pour le béotien du poker que je suis : un 5-bet assez minuscule pour mériter l’appelation « click back », à hauteur de 126,500. La force de la main de Pierre sera révélée dans la seconde après que son adversaire ait annoncé « all-in » : Pierre jette aussitôt celles-ci, se délestant au passage d’une importante part de son stack, qui passe sous la barre des 200,000.

2/ Pierre et Adrien Allain passent préflop après la relance d’un joueur avant eux.

3/ Adrien est au hi-jack et relance à 13,000 : il empoche les blindes et antes.

4/ Même topo que pour la main 3/ : Pierre et Adrien passent préflop après la relance d’un joueur avant eux.

5/ Pierre et Adrien ne sont pas impliqués dans ce coup à dormir debout que je n’essaierai même pas de raconter. Il suffit de dire que Mike McDonald a éliminé un joueur qui avait fait tapis avec 9-7 sur un flop 10-7-x, McDonald trouvant une Dame puis un As pour faire de sa hauteur Roi-Valet le jeu max.

6/ Pierre est de grosse blinde et 3-bet à 30,000 après l’ouverture à 11,000 du joueur qui lui a pris plein de jetons dans la main 1/. Cette fois, ce dernier abandonne sans montrer de résistance.

7/ Le joueur UTG relance, le Vilain des mains 1/ et 6/ paie, et Adrien défend sa BB. Le flop 865 est checké et Adrien en profite pour tenter un petit 15,000 sur le turn 4 : il obtient deux folds rapides.

8/ Tout le monde passe jusque Adrien qui ouvre à 12,000 de petite blinde. Son voisin est plutôt short-stack et se tâte un moment avant de payer. Adrien c-bet sur le flop KQ5, mettant fin au coup.

Short-stack ninja

Tombé à huit blindes dès le début du Day 3 après avoir vu sa paire de Rois craquées par 10-8, Fabrice Soulier a fait le dos rond, faisant la démonstration de sa maîtrise du poker short-stack pour franchir la bulle avec une poignée de jetons.

Après plus de six heures sur la corde raide, Fabrice a joué, et perdu une confrontation entre son AJ et un Roi-Dame adversaire. Sa résilience est récompensée par un onzième ITM à l’EPT, d’une valeur de 10,270 euros.

Deyra quitte le navire

Nous n’avons pas encore eu l’occasion de parler d’Ivan Deyra en ce Day 3, malgré un tapis de départ massif (297,100) le plaçant en tête du clan Français parmi les 127 joueurs sur la ligne de départ à midi. Malheureusement, notre premier article au sujet de ValueMerguez sera aussi le dernier : le brillant demi-finaliste de l’EPT Prague a quitté ce Main Event Irlandais en 61ème place.

Avant la bulle, Ivan rencontrait ses premières difficultés de la journée avec un As-Dame joué masqué au bouton (call d’une relance adverse). Sur le flop 9-5-6 avec un tirage couleur, l’adversaire d’Ivan refuse le c-bet, motivant notre Français à miser. C’est payé. La Dame sur le turn apporte un deuxième tirage couleur, et la top paire à Ivan qui mise une nouvelle fois. Son adversaire paie et le 10 sur le turn n’est pas misé : Ivan perd face à… 10-9 !

Après avoir franchi la bulle avec un tapis modeste, Ivan va faire doubler un short-stack dans une bataille de blindes entre K9 (chez lui) et 7-6 (chez l’autre), le board Valet-Valet-5-4-3 donnant à son adversaire la quinte in extremis.

Ivan joue sa dernière main muni d’un A7 avec lequel il défend sa BB. Le flop A92 lui apporte la top-paire et un spot pour check/raise à tapis (50,000 environ). Problème, son adversaire a floppé de l’or avec son 65 : le tournoi d’Ivan se termine dès le turn, un 6.

Ivan remporte 10,270 euros pour ses efforts.

McDonald digéré

La journée de Mike McDonald ne fut qu’une succession de gros pots perdus suite à de multiples tentatives de bluffs, certaines que l'on pourrait qualifier d'hasardeuses. On vous avait déjà raconté comment le Canadien avait fait doubler Pierre Calamusa en poussant une maigre hauteur 6 sur la rivière. Entre temps, McDonald a répété plus ou moins la même manoeuvre face à Pierre Neuville avec un c-bet à tapis sur 876 muni de As-Roi dépareillés : le Belge ne s’est pas fait prier pour engager ses jetons avec une paire de 10 qui est restée en tête.

Vingt minutes plus tard, McDonald tente, et rate son dernier bluff de la journée en envoyant tapis sur le turn J7510 avec, encore, As-Roi. Il est payé par Valet-10, soit les deux paires max, et dispose de quatre petites outs pour se sauver. Le 8 n’est pas l’une d’entre elles et le champion EPT est éliminé aux alentours de la soixantième place.