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Dourbie et Jokeezy, une année (de) lumière

Dourbie et Jokeezy, une année (de) lumière

Estelle Cohuet et Maxime Manzone auront été les derniers des Top Sharks. On revient avec eux sur une année riche en aventures.

Maxime Manzone & Estelle Cohuet

Ils resteront les deux derniers Top Sharks de l’histoire de Winamax : à l’issue d’une année pleine au sein du Team Pro, Maxime Manzone et Estelle Cohuet rendent leur W rouge. On peut dire que le duo aura fait honneur au logo. Que ce soit en ligne pour Jokeezy06, ou en live pour la Franco-espagnole (dont le deeprun sur le Main Event des WSOP 2023 restera gravé dans l’histoire du Team), les deux auront marqué les esprits, se fondant à merveille au cœur de notre chère équipe de pros. Mais ces douze mois furent avant surtout une expérience humaine, comme ils nous le confient dans cet article en forme d’hommage. Retour sur une année définitivement à part.

Maxime Manzone : “Un kiff ultime

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Et dire qu’au commencement, sa victoire dans la Top Shark Academy venait un peu de nulle part… Maxime Manzone était ainsi entré dans la compétition presque par hasard. Pour finalement s’imposer, et entamer une aventure d’un an au sein du Team Winamax à partir de janvier 2023, fort d’un contrat de sponsoring de 50 000 €. Le début d’une expérience dont « Jokeezy06 » se souviendra : “Je pense que je m’en rappellerai toute ma vie, confirme le Sudiste. « Tout s’est tellement bien passé… » Tellement, que Maxime, au moment de débriefer ces douze mois de folie, a du mal à en ressortir les meilleurs moments : “La question est très vaste ! Il y a eu énormément de choses, c’était un kiff ultime. J’ai pris beaucoup de plaisir, rencontré des personnes super avec qui j’ai créé pas mal de liens, que ce soit avec le staff ou le Team. Les voyages aussi étaient incroyables. C’est vraiment un tout.

Le Cannois a ainsi su se fondre rapidement dans le collectif du Team Winamax. Tous ces joueurs qu'il ne pensait jamais approcher, il a pu les côtoyer au plus près : "Avant, j'aurais à peine espéré pouvoir leur parler. Mais j’ai sympathisé quasiment avec tous les francophones. Avec Davidi notamment, ce fut une année magnifique, j’ai appris énormément de choses de lui, on a passé pas mal de moments ensemble, notamment aux Bahamas où on était en famille. Être avec eux, ça n’a été que du bonus.

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Des joueurs dont Maxime a pris de la graine, avec un trio en vedettes : Je ne vais pas être original, il y a trois joueurs qui m’ont le plus inspiré : Adrián, João et Davidi. C’est surtout leur résilience, leur humilité, leur manière de toujours travailler, d’essayer d’apprendre des choses… Ils sont au premier rang dans les conférences du Team, en mode premiers de la classe, alors que ce sont des monstres. C’est très inspirant.” Le séminaire d’avril dernier fut d’ailleurs un moment marquant pour Jokeezy : “C’était la première fois qu’on se retrouvait tous ensemble. Voir le professionnalisme de tout le monde, la façon de travailler, j’ai trouvé ça extraordinaire.

Un rendez-vous annuel organisé par le coach en chef Stéphane Matheu, dont Maxime a pu mesurer l’apport considérable, sans oublier son assistant Melvin Pasquini : “Ils sont hyper importants pour tout le monde, toujours à l’écoute, ils ont toujours les bons mots au bon moment. Quand il y a de la pression, ils arrivent à nous recentrer sur les objectifs. Et au niveau de l’organisation, c'est juste magique d’avoir des personnes qui s’occupent de toute la logistique, c’est un poids en moins quand on joue.” Et cette aide, Jokeezy l’a peut-être appréciée mieux que quiconque au sein du Team, lui qui avait choisi de conserver son travail à côté du poker durant cette année de Top Shark, tout en menant de front sa vie de famille : “J’avais tout organisé avec mon boulot en posant des congés sans solde pour les événements live. J'ai jonglé, j'ai passé un peu moins de temps avec ma femme et ma fille forcément. Au final, je trouve que je m’en suis bien sorti !

Manzone WSOP

Mais la réussite d’une année, ça se mesure aussi avec les chiffres. Alors, Maxime Manzone est-il parvenu à transformer l’argent de son contrat en piécettes sonnantes et trébuchantes ? Pas vraiment. « Je pense que je suis breakeven en live,” analyse celui pour qui parcourir le circuit aura été sa grande découverte de l’année. Concrètement ? Durant la durée de son bail, Max a compilé 12 places payées, dont 3 tops 10, pour un total 28 587 $ de gains. Avec en point d’orgue son ITM à l’EPT Paris au début de l’aventure : « Ça reste le plus gros souvenir. C’était mon premier tournoi sous les couleurs du Team » [et cela restera son plus gros cash durant la durée de son contrat, 10 650 € en récompense de sa 145ᵉ place]. » Sans oublier Vegas, évidemment : « C’était fou, un rêve pour moi. On sent que c’est « the place to be » quand on est joueur de poker. J’ai adoré l’expérience. »

Pour compenser le relatif statu quo en terme de winrate, et pour faire honneur à sa distinction de Top Shark 2023, Jokeezy06 a en revanche cartonné sur nos tables en ligne : deux titres sur les Series de septembre, une finale sur le Colossus en avril, une seconde place sur un Purple Funday, un package gagné pour aller jouer les WSOP Paradise aux Bahamas… De quoi faire pencher la balance du bon côté : “Le bilan est très bon, confirme Maxime. Je n’avais pas particulièrement d’objectifs au départ. En termes de progression et de résultats, je suis très satisfait.

Sa progression, Jokeezy l'évalue surtout dans tout ce qu’il a appris concernant le lifestyle d’un top joueur professionnel : C’est vraiment le mode de vie, la façon de réussir au haut niveau, les points clés pour être un top joueur et réussir une carrière. Cette année m’a ouvert les yeux sur pas mal de choses. Après, au niveau du poker, je n’ai pas appris grand-chose techniquement.” Mais son jeu, Maxime compte bien continuer à le travailler à l’avenir : "Je suis en train de prendre du coaching pour évoluer et m’améliorer," informe le jeune trentenaire. Sa vie quotidienne, elle, va reprendre son cours normal : "Je vais retrouver mon train de vie habituel, sans la tournée live. Au niveau du online, ça ne va rien changer pour moi. Je vais mixer entre le poker et le boulot, en espérant que tout se passe bien. C'est mon objectif à court/moyen terme, l’équilibre me va très bien."

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Mais qu’on se le dise : on aura l’occasion de recroiser Maxime Manzone sur le circuit, même si cela se fera avec parcimonie : “J’adore le live, mais ce sont des déplacements, un budget. Je ferai tout de même des events Winamax, qui restent des buy-ins abordables. J’ai vraiment trop aimé les ambiances de Marrakech ou Bratislava, qui sera ma prochaine grosse destination, même si je ferai aussi des petits live en France." Vegas ? « J’essaierai d’y aller de temps en temps, mais pas cette année. Ma femme est enceinte ! Je suis aussi content de me poser un peu durant quelques mois. »

Une chose est sûre, on aura plaisir à recroiser Maxime : à l’image des derniers Top Sharks, ce fut un vrai plaisir de bosser avec lui et de le suivre sur les tournois. Jokeezy a fait le job : toujours souriant et disponible pour le staff Winamax, il a su nous proposer des blogs divers et variés, une analyse pointue lors d'un Check-up, et une Master Class appréciée au WiPT Caen. Le mot de la fin ? “Je voudrais remercier encore une fois tout le monde, conclut Max. Que ce soit le staff, l’équipe, les coachs, tous ont été sympas et très abordables. Ça a glissé tout seul ! J’espère revoir le plus de personnes possibles sur les tournois futurs.” Alors à bientôt, Max, et bon vent ! - Rootsah

Estelle Cohuet : "Des émotions d'une intensité inouïe"

Estelle Cohuet
Et si la Top Shark Academy nous avait gardé le meilleur pour la fin ? C'est assuré : avec son profil hors-normes et l'année exceptionnelle qu'elle a vécue au sein du Team, Estelle Cohuet occupera à jamais une place à part dans l'histoire de Winamax. En janvier 2023, elle intégrait l'équipe après un parcours ne ressemblant à aucun autre : celui d'une Française installée en Espagne ayant découvert le poker sur le tard, et qui avait réussi à se reconvertir en une vraie « grindeuse online » après un parcours professionnel plus traditionnel. Concernant son année dans le Team, on reprendra les propos de Pierre Calamusa : « Ce qu'à vécu Estelle, c'est exactement ce qu'on souhaitait chaque année au gagnant de la Top Shark Academy. Elle a coché toutes les cases de l'année de rêve : elle s'est plongée dans le Team, elle a progressé, et elle a signé une vraie perf' mémorable. »

Au moment de lister ses trois souvenirs les plus mémorables de 2023, Estelle ne dément aucunement le constat du VietF0u. « La journée de février où j'ai rencontré tout le monde a été incroyable. La veille, je tremblais tellement j'avais le trac. Je ne m'étais jamais sentie comme ça. J'allais rencontrer tout le Team, les équipes au bureau, et jouer l'EPT Paris dans la foulée. Un tournoi à 5 000 €, alors que je n'avais joué que des 500 € jusque-là – et encore, en faisant les satellites. Pendant cette semaine, j'ai vécu des émotions d'une intensité inouïe. »

Deuxième moment fort : le fameux séminaire annuel du Team. « J'ai eu la chance d'échanger avec des joueurs de la trempe d'Adrian, Joao, et tous les autres. Je me suis dit 'Mais quelle année ça va être !'. Pendant le séminaire, ma maman m'a appelé. Elle me demande ce que je fais. Je lui réponds simplement 'Hé bien écoute, je joue au ballon à la plage avec des millionnaires.' C'était incroyable, vraiment très drôle. »

Team Winamax
Mais le poker reste avant tout une compétition individuelle, où l'on passe par des sensations fortes qui n'appartiennent qu'à nous. De ce côté, Estelle a été servie aussi, avec une épopée marathon sur le plus beau et le plus long tournoi du monde, le Main Event des WSOP, dont elle est sortie en 68e place parmi plus de 10 000 participants avec le statut convoité de last woman standing et un prix de 130 300 $. « Tout a été dit sur cette performance. Mais je dois avouer que je n'ai pas run super good sur les autres tournois de mon année dans le Team. Donc ça m'a fait beaucoup de bien. J'ai adoré le field des joueurs américains. Et mon style de jeu, que je considère comme très « nit », est plus adapté au full ring. Beaucoup le savent déjà, mais un tournoi EPT est beaucoup plus dur que le Main Event des WSOP. »

Aujourd'hui, au moment de clore cette année dans le Team, Estelle nous l'avoue franchement : « J'avais le syndrome de l'imposteur. Je ne me sentais pas légitime au milieu de tous ces joueurs et joueuses confirmés. J'étais perdue, mais tout le monde a été très sympa. C'était un peu lunaire de me retrouver à discuter avec Kool Shen dans les locaux de Winamax. C'est quand même une superstar de la musique ! » Bien vite, le reste du Team a réussi à faire comprendre à Estelle qu'elle avait sa place dans le gang. « Je n'arrivais pas à me débarasser de ce complexe d'infériorité. Mais tout le monde était très bienveillant. C'est Pierre Calamusa qui le premier m'a fait sentir comme une vraie membre du Team W. Il m'a même stacké pour certains tournois. Il m'a d'abord proposé un « markup » à 0,9 [un deal peu avantageux, NDLR], ce qui m'a un peu énervé. Il me charriait, et ça a fonctionné ! En vérité, il m'a proposé un deal très avantageux. Je me sentais reconnue. Avec le temps, Leo est devenue une amie aussi, avec qui je peux tout partager, même si on a des opinions différentes sur beaucoup de sujets. »

Estelle

Après s’être battue en MTT « 14 heures par jour pendant 10 jours » sur les Winamax Series, c’est un vendredi soir à trois heures du matin qu’Estelle a officiellement remporté la Top Shark Academy 2023… « J’avais promis à un ami d’aller jouer un tournoi à Alicante si je l’emportais. Résultat, quelques heures plus tard j’étais à l’aéroport. C’est là que Stéphane Matheu m’a appelée pour me féliciter et faire des projets. J’étais gênée de ne pas avoir beaucoup de temps pour lui parler ! »

Cette victoire représentait le couronnement de quinze ans de poker. « Je détestais les jeux d'argent. Je jouais des freerolls, je n'aurais jamais pensé qu'on pouvait gagner beaucoup d'argent avec le poker. » En 2013, Estelle avait changé d'avis. « Je gagnais au poker qu'avec mon travail. J'ai profité d'une opportunité de quitter mon job avec quelques indémnités. Je me suis plongée à 100 % dans le online, sur PartyPoker. Je jouais un poker ABC, avec un énorme volume, jusqu'à 18 tables en même temps, le maximum autorisé par le soft. Je n'étudiais pas le jeu, mais j'étais largement gagnante. »

En 2015, un changement de législation viendra stopper l'idylle d'Estelle avec les MTT en ligne. « Les tournois ont disparu de Party, et je n'ai pas réussi à m'adapter à un autre site. J'ai repris un boulot, avec de temps en temps des voyages poker quand je me qualifiais en satellite. » En 2018, retour aux affaires. « Cette fois, j'ai rejoint une école, j'ai étudié le jeu, échangé avec des joueurs, j'ai pris un coach. J'arrivais à vivre du poker, mais difficilement. J'étais une smicarde du poker ! »

Estelle

Six ans plus tard, les choses ont évidemment un peu changé. Et c’est avec beaucoup de projets qu’Estelle aborde l’après-Team. « Je vais continuer à travailler mon jeu. J’ai discuté avec Adrian de mon approche, sa réponse a été incroyable. Jusque-là j’ai toujours joué en sacrifiant de l’EV sur l’autel du volume, parce que je pensais que c’était plus profitable. Je jouais comme un robot, sans sortir de ma zone de confort. Amadi m’a expliqué que c’est probablement une bonne approche… sur le court terme. Mais sur le long terme, il vaut mieux réduire le nombre de tables afin de pouvoir se concentrer sur les spots difficiles. De cette façon, on se donne les moyens de progresser. » Estelle nous dit avoir réduit son nombre de tables à 6 ou 8 en simultané. « Mes gains sont équivalents à ce qu’ils étaient avant. En revanche, je progresse. Et ça, c’est un énorme investissement pour l’avenir. »

On continuera de croiser Estelle sur les tables de Winamax, ainsi qu'en live. « Je vais jouer les tournois à buy-in modéré, 300 ou 500 €, qui pullulent un peu partout en Espagne. » D'autres projets ? « Je veux améliorer mon hygiène de vie, me débarasser de certaines mauvaises habitudes. Je me couche très tard tous les jours, ça me met en décalage avec mon entourage. Pour vous donner une idée : 2014 a été ma meilleure année en termes de gains, mais quand je regarde mon tracker, on voit que j'ai joué 360 jours sur 365. Ce n'est pas sain. »

En guise de mot de la fin, Estelle veut remercier son désormais ex-sponsor. « Pas seulement pour ce contrat, mais pour tout le soutien que j'ai ressenti tout au long des douze derniers mois de la part de tout le monde. Les pros, les journalistes, CM, Caro, l'équipe Live Event... tout le monde en fait. Il y a une vraie bienveillance au sein de Winamax et j'ai adoré cette ambiance. » Nous aussi, Estelle ! - Benjo & Henrique

Les pages à suivre

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