Voilà 10 mois que je n’avais pas posté sur ce blog. Et pour être honnête, si on m’avait posé la question il y a encore un mois, j’aurais affirmé qu’il n’y aurait sans doute plus jamais de billet.
Et pourtant, me voilà. Alors que s’est-il passé depuis juin 2011. Un résumé s’impose.
Déjà, je pense pouvoir affirmer que 2011 a été pour moi l’année la plus aboutie en termes de poker. La concrétisation de pas mal d’espoirs que j’avais placé dans cette passion peu ordinaire, la réalisation de ce qui doit être le fantasme de tout un chacun : arrondir ses fins de mois, voire plus encore.
J’avais déjà pu expérimenter ce plaisir en décembre 2010 avec un cashout de 1000€, soit la quasi totalité de ma bankroll live, qui devait me permettre, alors que pour diverses raisons je me trouvais plutôt short financièrement, de m’offrir de belles fêtes de noël, et surtout plein de cadeaux pour mes enfants. A l’époque, j’étais pourtant un petit gagnant, disposant d’une bankroll live d’environ 1500€ et internet de 1000€. Je jouais en live essentiellement des 40€, sur internet du cash en NL20 et des tournois de 5/10€.
En mars 2011, je décidais même, profitant de ne pas être concerné par l’ARJEL en Nouvelle Calédonie, de déplacer ma bankroll pour pokerstars.com. Ca s’est révélé un échec. Sans doute j’ai voulu griller les étapes, sans doute je n’étais pas préparé au niveau du .com. Il faudrait tout un post pour analyser les raisons de cet échec (il faudrait pourtant qu’il vienne un jour). Toujours est-il qu’il me restait environ 450€ sur les 1000 et quelques d’origine. Or se présentait à ce moment une opportunité de disputer un tournoi live très intéressant à l’étranger pour un buy-in de 400€ (voir billet précédent). J’ai donc cashout l’intégralité de ma bankroll ps.com, joué ce tournoi et obtenu une 8ème place sur 36, qui me remboursait le voyage, alors que le buy-in et les frais annexes se trouvaient financés intégralement par quelques parties de cash game au casino de l’hôtel.
Bref, tout ça pour expliquer comment je me retrouvais avec tout juste 50€ que j’avais laissé sur Winamax pour pouvoir participer aux events wam.
En live, ça se passait plutôt bien, mais je vais y revenir.
Car il se produisait, malgré ma relative réussite, un phénomène inattendu : je ne m’amusais plus. Enfin, ça n’est pas tout à fait vrai. Je prenais encore du plaisir par moments, mais de plus en plus rarement, et, pire que tout, je m’agaçais de plus en plus souvent des effets de la variance. J’avais longtemps estimé qu’une de mes forces était d’être capable de relativiser lorsque je perdais, de raisonner toujours « sur le long terme ». Et cette aptitude m’échappait peu à peu. Et je me mettais à spew de plus en plus. Autre phénomène : en tournoi, live comme internet, au bout d’une heure de jeu je n’avais plus qu’une envie : arrêter.
Je ne sais pas combien j’ai pu spew à cause de ce changement d’état d’esprit, et je préfère ne pas y penser.
A partir d’août environ, j’ai progressivement arrêté de jouer sur internet. J’ai arrêté de venir sur wam aussi. Je continuais de jouer en live au rythme d’un tournoi et 5-10 heures de cash par semaine.
Puis en octobre, je déménageai. Je quittais mon trou perdu (2000 habitants) pour rentrer à la « capitale ». Non, pas Paris, mais Nouméa.
Or, entre le déménagement (250 km de distance tout de même), les travaux de réfection du lieu que je quittais, la caution, le machin le bidule, je me trouvais un peu sur la paille. J’ai donc cashout ce qui me restait. L’intégralité de ma bankroll live, soit 3000 euros.
Et je l’ai fait sans regret, premièrement parce qu’il le fallait, mais aussi parce que j’avais pris la décision de faire une longue pause sans poker. Déjà pour que l’envie revienne, le plaisir également bien sûr, et aussi pour que mon état d’esprit redevienne sain et serein. Nous étions en octobre 2011.
Bon, là, je vois que mon poste devient carrément très long. Ca m’étonnerait qu’il y ait encore quelqu’un pour lire ces lignes d’ailleurs. Mais si ça devait être le cas, je lui offre en récompense ces jolis images de « chez moi ».
Nouméa vu d’en haut. Tu m’étonnes que ça me faisait bizarre quand j’ai emménagé à 10 kilomètres de la mer (ça veut dire loin)
Vue d’une colline…
…Et d’avion
Reprenons. Les mois passent sans que je joue. Enfin, un tout petit peu par ci, par là, mais vraiment pas grand chose. Juste assez pour me rendre compte que ça ne me manquait pas. Comme l’ex fumeur qui reprend une bouffée de temps en temps pour se convaincre qu’il a fait le bon choix.
Les mois ont passé tout doucement, sans même que je n’y pense plus. Je me souviens tout de même être repassé sur wam en janvier pour jeter un oeil au Wam Poker Awards.
Mi février, je me suis dit que ça faisait assez longtemps, que l’envie était peut-être revenu. Et j’ai rejoué. Il me restait mes 50€ sur winamax, alors j’ai fait quelques tournois, quelques tables de cash, en mode no brm. Effectivement, j’ai commencé par m’amuser, mais quand, fatalement j’ai perdu quelques caves, je me suis rappelé que ce jeu n’étais pas si drôle, quand on perd. Une parenthèse d’une semaine, pas plus, le temps de descendre sous les 10 euros.
Puis vint avril. Je ne sais même pas vraiment ce qui m’a poussé à ouvrir une table. Il me restait 8 euros, alors je m’assied à une table de NL5, une demi heure après j’ai perdu ma cave. Forcément, je rage quit.
Mais je m’étonne à ce moment que ça me frustre plus que m’agace. Pourquoi ? Parce que pour la première fois depuis presque 1 an, j’avais envie de jouer.
Le problème, c’est qu’il ne me reste alors que 3€, et pas les moyens de cash in ce mois-ci.
Tant pis, j’ai envie de jouer au poker, peu importe la variante, peu importe le buy in ! Je m’attaque alors au sitngo 0.5€ en full ring. Pour me remettre dans le bain, je décide de m’astreindre à 2 heures par jour.
Grâce à un coup de pouce de Dame Chance, je me retrouve 2 jours plus tard avec une dizaine d’euros.
Je me dis alors que j’ai bien mérité un petit mtt. Faute de mieux, je m’inscris sur un 2 euros en short handed. Je suis d’accord, en termes de brm, je suis encore loin d’être un bon élève.
Mais comme j’étais dans un jour de veine, une sixième place à ce tournoi me permet de pointer à 28 euros.
Forcément, j’ai dû prendre la grosse tête à ce moment là. Déjà parce que je tente un 5 euros dont je me fais éjecter au bout d’une demi-heure. Puis je m’inscris à quelques tournois à 2, 1 et 0.50 euros, pour un bilan négatif, je perds 5 caves en sitngo 1€ et 3€ en cash game. A ce jour, ma bankroll pointe donc à 12 euros. C’est une déception, je ne le cache pas. Je me voyais trop beau, faisant un retour 3 → 100 euros en 5 jours et bragant comme un paon sur le forum. Bien fait pour moi.
Ma plus grosse déception, c’est un tournoi 10 euros, tenté grâce aux quelques miles qu’il me restait, où j’ai été éliminé pas si loin de l’itm. Pour le coup, le moindre itm m’aurait ramené à près de 50 euros, ce qui m’aurait permis de commencer à multitabler la NL5 en cash. Au moins un peu.
Mais non, tout est à refaire, mon rush a été gâché.
Décidément, il est sacrément long ce billet. Allez, encore quelques petites photos pour récompenser les courageux.
C’est jouuuli…
Comme à Tahiti, mais mieux 
Tout de même, il y a quelque chose d’agaçant. Je ne comprends pas, à ces limites, je devrais avoir un énorme winrate et pouvoir rebuild en quelques jours, non ? Alors de deux choses l’une : soit je suis largement moins bon que ce que j’imagine (ce qui est très probable). Soit… il y a autre chose que je n’ai pas encore identifié. Ou peut-être que je n’avais pas encore identifé…
J’ai compris quelque chose de capital en regardant cette ex-cel-lente vidéo de bestkicker signée de jamaisbluff : https://www.bestkicker.com/videos/392-construire-1-bk-en-micro-limite-1.html
Il est difficile de ne pas en profiter pour saluer le talent pédagogique de jamaisbluff. La vidéo est véritablement d’excellente facture, et je la recommande comme base à quiconque veut devenir gagnant en micro limites.
En tout cas, en la regardant, j’ai vraiment réalisé quelque chose. Pour ceux qui n’ont pas une demi heure (et c’est dommage pour eux), la vidéo détaille et explique l’impact du tilt, mais surtout du spew sur le winrate. J’ai été saisi. Le volume de jeu qu’il prend dans sa démonstration est supérieur à mon volume actuel, et le taux de spew probablement inférieur au mien.
Je crois bien avoir compris pourquoi je n’arrive plus à gagner en micro.
Plus de que jamais je suis donc motivé et prêt à m’appliquer. Ca ne sera pas simple parce qu’avec 12 euros ma marge de manoeuvre est plus que réduite. Mais je vais m’astreindre résolument à :
- Ne plus tilter. Facile à dire n’est-ce pas ? Alors pour être plus raisonnable, à favoriser un jeu sans tilt en jouant dans un environnement adapté (les enfants au lit, la petite musique, pas de stress).
- Ne plus spew. Ca, je crois que c’est largement ma plus grosse leak. jamaisbluff livre quelques clés dans sa vidéo je crois.
- Adopter un BRM sérieux. Ma deuxième plus grosse leak, c’est clair. Il faut vraiment que je m’astreigne. Mais… pas encore tout de suite. Je m’accorde le droit de tenter une dernière fois la NL5. Si je passe sous les 10€ (autrement dit une marge de manoeuvre ridicule. Je sais bien que ça n’a pas beaucoup de sens, mais que voulez-vous), je stoppe et je grind les sng 0.50€, puis 1€ jusqu’à avoir une BR de 70€.
- RESPECTER mes adversaires. Résolument.
- Rester concentré sur mes tables. Ca suffit de lire des bd ou le forum pendant que je joue 1/3 de ma bankroll.
Et si la chance sourit aux audacieux, peut-être que je ne vais pas me broke. Quoique ça me ferait sans doute du bien, je ne sais pas.
En tout cas, je serais vraiment HYPER surpris que quelqu’un ait lu tout ça. Si ça devait être le cas, total respect !
Faudra que je trouve une « récompense ».
