Lors de l’article précédent, je vous parlais de la « Génèse du Démon », de la naissance de ce feu qui m’a fait allé au cazing tous les soirs… Forcément il y eu les répercutions.
La première est que mon contrat en Angleterre se terminait, je me retrouve à rentrer en France. Sarko, fraichement élu promouvait le travailler plus pour gagner plus, et je le suivait à 100%, mon but bosser dans le poker pour plumer plus de pigeons et me faire la blinde de tune sur leurs dos, le tout non imposable, What else?
Du coup je pose mes valises chez un ami qui me propose le logement, on se retrouve à 5 dans un appart de 60m² au grand max. Lyon n’est pas la capitale du jeu, ni cercle, ni casino qui ne tiennent vraiment la route pour ce que j’avais à investir, certes il y a bien le Lyon vert, mais les cash game y sont trops chers et je n’a ni permis ni voiture, donc on laisse tomber cette option. Je décide donc de me ruer sur le plus accessible, le moins cher, et là ou la rentabilité semble accessible à tout le monde, le nouvel El Dorado : INTERNET!
Direction Pokerstars, tout le monde ne parle que de ce site, du coup pourquoi pas? A ce moment, je venais de rentré et devais du coup trouver du boulot de toute urgence, peu de fric dans les poches, et pas d’appart’, il fallait se bouger le cul. Sauf que comme vous l’avez compris je n’étais pas spécialement un foudre de guerre. L’époque est belle, 1 cv = 1 taff, ce qui biensur ne m’incitait pas à rester dans une boite bien longtemps, et dès qu’un truc me gonflait, c’était un abandon de poste.
Le lien avec Pokerstars? j’y arrive… Je viens de signer un énième contrat et vient tout juste de récuperer ma carte bleu française. Je l’active, et crédite 10€. Je décide de jouer le mec sérieux et d’investir les micros limite en CG. Me voici sur les tables de NL2 je monotable en me disant « tranquille j’ai 5BI ». Mes potes sont là, à côté à boire des canons, en me posant des question sur le jeu. Moi, je m’extasiais sur chaque pot joué 10cts ou 1€, je vibrais pour la gagne. Après une heure j’ai monté 20€ avec une seule cave (x10 quand on vous parle du niveau pré 2009). Je me dis que ce jeu est vraiment trop easy, alors pourquoi devrais-je perdre mon temps à grinder à ce niveau alors que les High Stakes n’attendent que moi. Et me voici le même soir à passer en NL 20 (c’est pas encore les liasses de 1000 boules mais bon…), je suis chaud, je les attends les mecs! Mes potes quant à eux attendent les bières que je leurs promets de leur payer avec les gains.
1h puis 2 passent, je monte tranquillement j’enchaîne les clopes et les bières, pendant que le copains partent se coucher les uns après les autres. L’euphorie atteint son paroxysme quand je dépasse les 120€. Il faut bien se dire qu’à ce moment là pour nous que François Hollande considérerait comme des « Sans dents », cette somme était déjà un accomplissement, la conversion en paquets de pâtes donne le vertige. A NOUS LA FORTUNE, LES BIERES ET LES PUTES.
Il est 6h du matin quand le premier coloc se réveille pour aller au taf, « t’es encore sur le poker » « ouai putin j’ai monté plus de 100 balles » « Arrête toi là, mec! ». Un sage conseil que j’aurais dû écouter, au lieu de ça… Non je voulais continuer de grind. Et puis au final on se croit fort, et rien ne peut nous résister. Ca c’est la définition du rush. Sauf que quand il s’arrête, ça peut être brutal. Pour moi c’était précisément à 11h du matin après 15h de jeu, quand l’intégralité des 150€ partent sur un pot… Je suis vidé, à ce moment là aucune émotion, rien le néant, je ne comprends pas. Je viens de jouer tout ce temps là pour rien, j’ai honte, mais je le raconte quand même au coloc’ qui se foutent de ma gueulle « Tu vois » « Je te l’avais dis de te retirer » « Pourquoi t’as fait tapis » « D’ailleurs, Tu bosses pas aujourd’hui?? » Putin, si, évidemment que je bossais à 12h!!! Je fais une sieste réparatrice de 10 minutes qui me scie encore plus les jambes. Au boulot, je suis un zombie, je dors debout, au bout du rouleau, bref je n’en pouvais plus. Je me jurais de ne plus faire le con comme ça. PUTIN 100€ 2 semaines de bouffe pour les colocs qui m’hébergeaient gracieusement, et à la place, mes couilles… Mais je vais me refaire et leur prouverait qu’on peut faire de la tune avec le jeu.
Cette formidable résolution allait m’amener à squatter le canap’ de mes potes pendant six mois, le plus souvent les yeux rivés sur l’écran, à ne plus me balader qu’en boxer, et à rêver de paquets de pâtes.