Bon, je vais essayer de résumer mon parcours bien qu’il ait l’épaisseur d’une feuille de PQ.
Avant tout, il faut savoir que mon jeu a un lien quasi causal avec mon parcours personnel, dans les bons comme les mauvais moments.
Je découvre le poker il y a…ben en fait je sais même plus. J’ai toujours eu ce mot dans un coin de ma tête; de vagues réminiscences (je sais, c’est un pléonasme, mais je voulais faire intelligent avec ce mot) de mon oncle qui y jouait, un buzz dans les journaux en 1998 quand Bruel devenait « le champion du monde de poker, le seul, l’unique ! ».
Bref, le premier contact que j’ai eu c’est en tombant par hasard sur les WPT sur Canal +(à la rentrée 2006 je crois). A vrai dire, il n’y en aura qu’un seul parce que j’ai du mal avec Balbir. Mais les bougres ont été sacrement efficaces, ils m’ont abreuvé de formules qui plaisent au téléspectateur lambda. Du coup, à la fin de l’émission, j’avais décidé de moi aussi devenir millionnaire grâce au poker (mais tu te rends compte m’man ! 3$ il a investi, et il a gagné 500 000$ !).
Mon enthousiasme fut freiné environ 6 minutes plus tard, le temps de me rendre compte que j’avais 17 ans. Peu importe, j’entamais mes études difficiles, j’allais donc travailler en attendant la majorité.
Le 12 novembre j’acquiers enfin le droit de visiter des sites pornographiques et quelques jours après je dépose sur Pokerstars. Autant le dire, je n’avais pas l’intention de chercher à progresser, vu qu’un péon avait réussi lui en partant de 3$.
Fin novembre, fin des haricots. Bien, je termine ce premier semestre et en recause en 2007 ok ? Ok.
Début 2007, je me contente toujours d’alimenter le PIB du Costa Rica de quelques euros de temps à autres. Je perds toujours évidemment (après coup, c’est vrai que déposer 30$ et aller en NL50 c’était pas l’idée de l’année).
Je joue avec parcimonie jusque mai. Là ce qui change, c’est qu’avec un camarade on commence à en parler, un peu, puis beaucoup.
On se fait quelques parties live, je côtoie quelques génies (aujourd’hui je suis capable de dire qu’ils étaient simplement moins nul que moi).
Je termine ma première année plutôt pas mal niveau scolaire. Je ne joue que très peu l’été, ayant pas mal de boulot pour la rentrée.
A la rentrée, on continue le premier mois les live, ensuite les autres se concentrent sur les concours qui démarrent en avril.
Moi dans cette voie je manque de confiance en moi. Mes résultats étaient plutôt bon compte tenu de mon travail. Mais je sais pas, je le sens pas. Je m’aveugle toujours derrière un éventuel avenir radieux au jeu, pour y échapper. C’était même pas pour le poker, mais pour échapper à mes responsabilités.
On continue cependant à jouer pas mal avec cet ami. Je profite d’un bonus 50$. Toujours en faisant n’importe quoi, je décide un dimanche après-midi de jouer un 22$. Je finirai 2e, pour 958$ exactement.
Je décide de les retirer. Décision politique, je voulais obtenir ainsi le soutien de mes parents. Mouais, ça les fait pas bander non plus.
Je décide de mettre 300$ sur winamax à ce moment là, et en parallèle je trouve une porte de sortie pour échapper aux concours, j’allais partir à l’étranger à la fin de l’année.
Je fais quelques petits résultats, des bonnes places dans les free de fidélité ou autres MTT. Je gagne un 1$ et au lit (première victoire !).
Mais mon problème, c’est le tilt, je vais toujours perdre en CG, ne supportant pas la moindre perte. Idiot.
Pendant que mon pote prépare bien ses concours, je joue toujours. Et je finis même par chatter un 22$ pour 1775$. J’avais 2300$ de BK ce soir. Nous sommes donc en avril 2008.
Je joue bien, tranquille. Les seuls stress du quotidien sont les préparatifs du départ, j’ai le temps je pars mi-août en même temps.
Je monte tranquillement à 4000$, freiné cela dit par des pertes continuelles en CG. Mais qu’importe, j’ai gagné, donc je me retranche encore plus derrière une illusion destructrice.
On arrive mi-août…Et là patatras (après coup, je pense que cette période fut salvatrice). Je ne suis plus chaud pour le départ, ce choix a été fait pour les mauvaises raisons. Et, autant être honnête, je ne suis pas prêt au départ. Moi qui n’avait rarement été éloigné de chez moi plus de 7 jours, je devais me contenter à présent de voir ma famille deux fois par an. Et je l’avoue sans honte, je vénère ma famille. Ma famille proche j’entends. Bref, aucun mot n’existe pour qualifier notre relation privilégiée.
Du coup, dans ce qui ressemble à un petit « nervous breakdown », je tente le tout pour le tout. Je m’assois à des limites très hautes. Je perds tout, en une soirée. Pourquoi j’ai fait ça ? Je ne sais plus trop, j’étais dans un état second avec la panique. Sans doute passer 10k$ et gagner un sursis. Mais c’était tout juste minable en y repensant à froid.
Bref, je pars la queue entre les jambes. Mais je reviens vite, mon choix n’était pas top pour moi, mais il ne l’était pas non plus scolairement.
L’année qui suit (qui 2009), je la passe à encaisser. C’est difficile quand on a toujours réussi facilement de devoir assumer un échec qui nous incombe entièrement.
Et maintenant ?
Et maintenant je me suis relevé. J’ai beaucoup changé. J’ai digéré mon erreur, j’ai arrêté de m’en vouloir et j’ai dégager le positif de cette expérience.
Scolairement, j’ai décidé d’avancer, et je rattraperai la voie qui était la mienne dans un an normalement.
Au final, j’aurais « perdu » 2 ans (et encore j’ai pas vraiment redoublé donc j’aurais quand même appris diverses choses) mais j’aurais économisé 8000€, toujours ça de pris.
Je pense même aujourd’hui que cet échec m’a transformé. J’étais un connard arrogant, qui ne se remettait jamais en question. Je ne le suis que dans un « rôle de composition » ici maintenant. J’ai appris l’humilité, à respecter les autres, et je dois dire que la vie vaut vraiment la peine d’être vécue en pensant comme cela.
Je me suis ouvert à la littérature, à la musique, à la vraie musique. J’ai l’impression d’avoir gagné une sensibilité d’esprit non négligeable, qui me sera absolument profitable dans ma vie professionnelle. Et plus globalement, j’ai l’impression d’être plus mature que ceux de mon âge, je suis bien moins foufou.
Et donc voila, je suis vraiment bien personnellement. Et j’ai donc du temps pour jouer parce que scolairement j’ai déjà vu ce que je fais. Je veux jouer, gagner de l’argent ça viendra ensuite. Et donc je dois m’améliorer car tout ça n’a pas bonifié mon jeu, au contraire, j’ai l’impression d’avoir régressé !
J’ai déposé 435$ vendredi 15/01. J’ai joué 5 jours, allant de SnG HU au CG (SH/HU). En respectant une gestion stricte. C’est con mais je me sens bien en étant rollé, je joue pour le plaisir, et j’en prends. C’était peut-être un déclic mental qu’il fallait, aussi enfantin soit-il.
Je suis à 760$ aujourd’hui, avec le rb attendu, et deux tickets 11$.
Ca fait plusieurs jours que je suis privé de mon ordinateur (couac niveau carte wifi). Je suis donc en pause forcée. J’attends une livraison de bouquins de toute façon, ça tombe bien.
Je poste ici car ça m’a déjà permis de sortir cela de ma tête, et surtout de recevoir éventuellement des conseils, tout en vous demandant votre indulgence, je ne suis qu’un débutant au final.
Voila voila, désolé pour la longueur, mais je pense que c’était nécessaire pour moi, et peut-être pour vous si vous êtes intéressé par avoir une opinion basée sur plus de fond que sur le personnage de connard que je m’amuse à jouer.
gagner sa vie en jouant. Mais très peu sont assez lucides pour se dire que c’est réservé à quelques « pros » et sont aveuglés par quelques perfs qu’ils ont fait!