L’argent va voler !
Event #10 : NLHE High Roller for One Drop 111 111€ Les quatre membres du Team Winamax ont du pain sur la planche Le gratin mondial du poker a fait le déplacement jusqu'à Rozvadov
Vous êtes à la recherche de sensations fortes ? Vous avez beaucoup trop d'argent à ne plus quoi savoir en faire ? Vous voulez vibrez cartes en mains ? Vous voulez affronter les meilleurs ? Vous voulez changer votre vie (ou l'améliorer considérablement) grâce à un tournoi de poker sans limites de pot ? Le High Roller for One Drop est exactement le tournoi qu'il vous faut. Contre une modique somme de 111 111€ qu'il faudra déposer sur la table, vous pourrez participer à l'un des tournois de poker les plus prestigieux et relevés au monde, le fameux tournoi imaginé par Guy Laliberté il y a quelques années, dans le but premier de récolter un maximum de fonds pour la fondation One Drop.
Un délire très particulier que plus de 80 joueurs se sont offerts cet après midi, dans le casino le plus perdu de l'univers, j'ai nommé le King's Casino de Rozvadov. Pour une première, comme c'est mon cas personnellement, le dépaysement est total. L'arrivée en avion à Prague est assez classique, mais le trajet pour venir ensuite (1h10 parce que les chauffeurs ici n'ont pas le temps) jusque dans ce village perdu de 782 habitants (selon un recensement effectué en 2011) ne nous prépare absolument pas à ça. Si les vaches sont probablement plus présentes que les humains dans toute la région, le patron des lieux, Leon Tsoukernik, a décidé de chambouler le terroir Tchèque, pour y installer un complexe de toute beauté, avec comme objectif un peu fou, de rameuter la crème mondial des joueurs de poker. Et vous savez quoi... Il a réussi son pari et ces WSOP Europe semblent être un véritable succès.
Quel plaisir de voir autant de célébrités et bons joueurs réunis autour de ces tables. Quel joie de circuler et de ne se poser la question que 3 ou 4 fois, "mais c'est qui lui ?", quel plaisir de bien admirer ce field et de relever, non pas un, non pas deux, non pas trois mais quatre logos Winamax ! Vous imaginez bien que si la meilleure équipe de poker d'Europe n'était pas présente sur ce tournoi, on se moquerait un peu de vous. Mais ce n'est pas le cas. Evidemment, tous les membres du Team n'ont pas les moyens de poser autant de billets sur la table, mais pour Mustapha Kanit, Davidi Kitai, Sylvain Loosli et Adrian Mateos, il s'agirait presque d'une journée de plus au travail.
Non, il n'a pas pris la grosse tête, au point de s'installer calmement comme ça sur les chaises, simplement hier soir, Mr Loosli n'a pas compris que pour descendre les escaliers, il fallait mettre un pied devant l'autre. Et patatra, adieu la cheville !
J'ai dit presque ! Evidemment, pour Sylvain Loosli par exemple, ça parait plus simple. En terminant hier soir 5e du High Roller à 25 000€, pour plus de 168 000€ de gains, ce One Drop a des allures de freeroll. C'est moins le cas pour les autres, qui n'ont pas encore réalisé de perf' notables sur ces WSOP Europe. Dav' ressent la bonne pression, Mustapha se marre beaucoup moins qu'à l'accoutumé, et même le très souriant Adrian a mis le masque après un début de tournoi compliqué, la faute à un bad beat d'une autre planète.
Les news du front, après cinq niveaux de jeu de 60 minutes, ne sont pas (encore) mirobolantes : sur les 2 millions de tapis de départ (et des blindes à 5 000/10 000 pour commencer), aucun des quatre ne possédait plus qu'à midi. Sylvain Loosli ne présentait pas plus de 1,2 million, Mustapha Kanit rodait autour du tapis de départ, Davidi Kitai a glissé à 1,4 million alors que son collègue Espagnol, Adrien Mateos, n'en possédait pas beaucoup plus non plus.
"J'ai pris un genre de bad beat qui te met bien tilt", m'expliquait l'Espagnol lors de la dernière pause, "c'est un coup qui ne devrait même pas exister, et au lieu de cela, j'ai perdu tout mon bénéfice de début de journée, et même plus."
Autant vous le dire tout de suite, tout ce que m'a raconté Mateos a l'air d'être complètement fou... et pourtant c'est vrai. Sur un tournoi à six chiffres de buy in. Installé à la table de la légende Phil Hellmuth, arrivé comme à son habitude tardivement sur ce tournoi, Adrian Mateos a rapidement compris qu'il avait attrapé l'un des meilleurs spots du tournoi : "Il fait absolument n'importe quoi... il ouvre beaucoup trop de coups, fait des sizings très étrange. Là par exemple, sur 8 000/16 000, il a open UTG à 60 000. Et c'est ce qu'il voulait faire, il n'y a aucune erreur." Une ouverture à 3,75x, pourquoi pas Mr Hellmuth. "Moi, j'ouvre deux Dames (noires) dans la foulée. Je décide de raise à 200 000. La parole arrive sur le joueur dans les blindes, qui annonce "call"... mais sans avoir vu ma relance, il pensait juste payer la relance d'Hellmuth." Vous la sentez venir la fin de l'histoire ? Bieeen sur qu'il va se les faire craquer ses Dames par le joueur qui a missclik, c'est un grand classique voyons.
Elles ne sont pas nombreuses, alors autant rendre hommage : bonne chance à Liv Boeree qui est l'unique féminine du tournoi
"Il a été obligé de call, Hellmuth a snap fold. Puis le flop est venu 852, il a check call mon c-bet à 200 000, turn K. Il check encore et je décide de transformer ma main en bluff, je mise 500 000. Il paye encore. River une blank, on check tous les deux, il me retourne 76.
Adrian est déçu mais loin d'être abattu, et quelque part, on peut même remercier Hellmuth de lui avoir redonné le sourire : "Il est venu, il a joué 45 minutes et il a bust." Un Hellmuth en petite forme, qu'on a attrapé en plein tank sur un tableau A6TQA. Cela faisait quelques instants qu'il réfléchissait et Dietrich Fast a fini par craquer, en appelant le time contre lui. Pas content du tout de se faire time, il enverra même un petit mot d'oiseau à l'Allemand.
Compliqué de refaire le coup depuis le début quand on ne l'a pas vu, mais l'essentiel ici, c'est de savoir qu'Hellmuth a check raise la turn, de 140 000 à 475 000 (dans un pot qui ne contenait pas plus de 200 000), avant de miser 500 000 river... et de se prendre le tapis de son adversaire Bryn Kenney dans les dents, pour environ le double de jetons. Après une intense réflexion comme vous les lui connaissez, il finit par fold au bout du time, KJ pour quinte, qu'il n'a pas pu s'empêcher de retourner, prétendant que l'Américain ne pouvait qu'avoir full. Kenney n'a pas montré ses cartes, mais a empoché un pot sympa avec un sourire jusque là... et Hellmuth a bust la main suivante, avec un maigre AT contre AJ à tapis préflop.
A la télé, il serait parti en faisant tout un cinéma, mais pas ici. Beau joueur, il s'est levé a serré la main de toute le monde, avant de s'éclipser gentiment. Pour mieux revenir plus tard ce tournoi ? Il y a fort à parier que oui.
On pourrait écrire beaucoup de belles choses sur ce tournoi, mais je vais finir ce post en vous présentant simplement le chipleader actuel, et surtout vous raconter LE coup qui lui a permis d'arriver jusque là. Et là encore, vous verrez qu'il n'a pas inventé l'eau chaude, mais a surtout eu pas mal de réussite. Il en faut à ce jeu, parait-il.
C'est sur un flop J49 que trois joueurs vont devenir complètement fous ! Sylvain Loosli est à cette table, et m'aide à comprendre ce qu'il s'est passé : "Preflop, c'est open d'Igor Kurganov à 45 000, payé par Martin Khabrel en fin de parole. La parole est revenu sur Jack Salter, qui a squeeze a 202 000 en petite blinde. Payé, payé. Et là au flop, ça fait check de Salter, bet 195 000 de Kurganov, relance de Khabrel 480 000... tapis chez Salter, pour environ 800 000, payé chez Kurganov... et reshove de Khabrel derrière pour plus de 2 millions."
Bon ok ok, relisez moi ça tranquillement, pour comprendre ce qui se passe réellement, et dites moi quand vous êtes prêts ? On y va ?
C'est à Kurganov de réfléchir un petit moment... et lui aussi part à tapis ! Les mains messieurs : Khabrel retourne J9 pour deux paires floppées, Salter montre AA, alors que le copain de Liv Boeree claque sur la table AA pour la mêm main !
"Je suis encore vivant !" lâche Salter, avant de vite se raviser suite à l'apparition d'un 6 sur la turn puis d'un 5 sur la river. Salter passe à plus de 6 millions grâce à ce pot, alors que Salter et Kurganov ont perdu leur slip dans cette histoire : "Ce sera deux re-entry messieurs s'il vous plait", me glisse Sylvain Loosli, qui connait parfaitement ses adversaires et anticipe déjà leur retour. Ces deux là, il est bien possible qu'on les recroise de nouveau plus tard dans ce tournoi.
A grande occasion, chemise de gala. Mustapha Kanit a fait pêter la chemise de toutes les couleurs
Il y a aussi des Français dans ce tournoi, comme Jean Noel Thorel, à la table de Kanit justement
Benjamin Pollak et ELkY partagaient également la même table. Et puis ElkY nous a subitement quitté
Antoine Saout a le sourire, lui aussi est en toute détente sur ce tournoi, après sa 8e place sur le High Roller 25 000€
Et si vous voulez vous régalez, la table télévisée proposée est juste somptueuse. On y retrouve notamment Adrian Mateos