Winamax Poker Open Bratislava 2024-Main Event - 1C

[Rootsah11]

Une semaine bien déglingo

Main Event 500 € (Day 1C)

Oui, il habite à Dubai, mais non, ce n'est pas un influenceur : Mohamed Aissaoui est bien éloigné du cliché des Français ayant émigré dans le paradis du Moyen-Orient. "Je vis là-bas depuis 17 ans, précise Mohamed. Je suis un homme d'affaires, je suis revendeur de voitures, mais j'ai aussi une chaîne de restaurants, et je travaille dans le développement d'applis mobiles."

Mais surtout, Mohamed est rien de moins que le vainqueur du Midnight Déglingo de mardi ! Votre serviteur s'en souvient bien, lui qui était à sa table au Round 1, et n'a pu faire mieux qu'une troisième paire, pendant que Mohamed crushait tranquillement neuf adversaires... Avant donc de remporter, moins de deux heures plus tard, un joli sac de billets de banque, équivalent à 3 000 €, pour une mise initiale de 10 €. Alors, ça fait quoi de chatter comme un ours, Mohamed ? (Il réfléchit) "C'est une émotion à part. C'est entre le poker et les jeux de tables. C'est la première fois que je jouais un Déglingo, je ne savais pas ce que c'était, c'était juste après un min-cash sur le Sprint. C'est comme un tournoi, en avance rapide."

De quoi entamer comme il se doit un séjour à Bratislava qui se passe bien, donc : "Très bien, même, assure Mohamed. Sauf que je monte à chaque fois une tonne de jetons, mais c'est ma troisième bullet sur le Main Event. J'ai par exemple été obligé de faire un gros fold sur un board hauteur Roi, avec As-Roi : mon adversaire avait deux As. Et j'ai aussi perdu avec brelan d'As. Hier, je me suis bien "fighté" avec Gaelle Baumann et Davidi Kitai. J'ai aussi joué avec l'ancien gardien de Strasbourg, Mathieu Dreyer, super sympa. On a échangé nos numéros, il m'a donné des petits conseils pour mon fils, qui joue en U17 Nationaux à Sarcelles. Bravo à Winamax pour cet évènement !"

Quand il n'est pas en train de gérer l'un de ses business, Mohamed voyage beaucoup pour écumer, quand il a le temps, les tournois du circuit live français et européen, avec réussite : il a par exemple terminé 3e de l'Estrellas Cup de l'EPT Barcelone cet été, pour 69 410 €, ce qui constitue son meilleur score en live à ce jour sur sa fiche Hendon Mob à 330 000 $ de gains. "J'ai aussi gagné le ticket à 10 000 € pour le Main Event des WSOP-Europe à Rozvadov, précise notre héros. J'aime bien le jeu, le poker reste une passion. Je suis entouré de bons joueurs, cela ne fait que trois ans que je fais que des tournois, car avant j'étais un jouer de cash-game. Je ne joue qu'en live,sur des tournois à 500 ou 1 000 €, et des 3k de temps en temps." On sent en effet la patte d'un joueur expérimenté en le regardant jouer : on a vu Mohamed observer du coin de l'oeil un adversaire après un coup perdu, avant d'essayer de le tchatcher pour qu'il lui révèle sa main. Pour l'instant, ce Day 1C se passe bien pour le Français : "Tu es arrivé à ma table, j'avais 150 000, j'ai 280 000 jetons maintenant ! Tu me portes chance !" Désolé Mohamed, mais on va devoir te laisser te débrouiller pour le reste de la journée...

[Rootsah11]

Est-ce que ce monde est sérieux ?

La bulle, ça ne rigole pas. Pour tout le monde ? Pas forcément, comme l'a prouvé le dénouement de ce Day 1C. Si Adrián Mateos, très shortstack, fait partie des 107 qualifiés pour le Day 2, c'est bien son coéquipier Joao Vieira qui termine bubble boy de façon spectaculaire, au terme d'une journée à rallonge.

Main Event 500 € (Fin du Day 1C)

La bulle d'un tournoi de poker, c'est un moment que tout le monde respecte. Les joueurs amateurs, évidemment : pour nombre d'entre eux, atteindre les places payées est déjà un bel accomplissement, parfois le premier ITM de leur vie sur un tournoi live. Pour les pros, aussi : parce que tout simplement, ils sont des pros. Leur gagne-pain, c'est d'en atteindre un maximum, des places payées. Il n'y a qu'à prendre pour exemple Adrián Mateos. À force de folds patients, l'Espagnol n'a pas hésité à se laisser tomber à 3,4 blindes au moment fatidique, se plaignant au passage à plusieurs reprises de la lenteur de l'action. Tous les shorts serraient les fesses… lui y compris.

Tout le monde respecte la bulle ? Il y a des exceptions, de celles qui confirment la règle. Celle du jour concerne un joueur que nous connaissons très bien. Récit d'une bulle interminable.

Un main-par-main qui débute aux alentours de 00 h 40, avec deux "all-in and call". Jouant sa survie, Benjamin Huentz parvient à s'en sortir, le second avec deux As contre As-Dame à tapis sur un flop Q-10-6, et après un turn K et une rivière 8. Le second joueur en danger ? On vous l'a présenté aujourd'hui : un certain Valentin Imperatore, alias Neruth 667, qui gagne un 80-20 avec KK contre 1010 joué à fond préflop.

Ensuite, c'est Jérôme Dimanche qui se retrouve à jouer ses derniers 43 000, soit quatre blindes, avec un AQ qui semble destiné à se faire crucifier par le 105 d'Antoine Larpin, qui avait call en BB. Mais il n'y aura pas de bloody sunday, après l'apparition d'un As dès le flop.

Nous entamons donc la troisième main de ce hand-by-hand, et nous voyons alors un coup se développer entre Nemo Israel et Joao Vieira. Le premier a relancé au bouton, et le Portugais envoie 103 000 au milieu, soit dix blindes, en se gardant à peu près 40 000 derrière. Comprenez que si Nemo décide de faire tapis, le Madérois paiera... À moins que plusieurs joueurs ne soient également à tapis couvert sur d'autres tables, on ne sait pas. Mais rien ne bouge, et Némo hésite un temps : "Ha, Joao..." lâche-t-il en fixant le Portugais, qui reste impassible. Quelques secondes plus tard, il met une grosse pilasse au milieu, et Naza ajoute ses derniers jetons sans sourciller. Les mains sont révélées : JJ chez le Français... et A4 chez le Portugais.

On ne va pas se mentir, on est surpris : on s'attendait à quelque chose de plus consistant chez le pro Winamax. Le board est (presque) sans appel : 56647, et Joao Vieira termine donc 108ᵉ et bubble-boy de ce Day 1D.

Une explication potentielle, elle n'engage que nous et on la formule avec un clin d'œil : samedi se tiendra un inédit tournoi de Mixed Games à 400 €. Le double champion WSOP l'avait peut-être dans un coin de la tête… - Rootsah

« Ils ont dit tapis, j'avais nuts ! »

Parmi ceux qui auraient bien aimé que la bulle dure plus longtemps, Gino Cardenia, qui termine avec le chiplead et un beau tapis de 943 000. Pour résumer sa journée, une petite phrase bien sentie comme les distille si souvent : « J'ai run, ils ont dit tapis, j'avais nuts, j'ai dit payé, et c'est tout. » Quand je lui demande de développer un peu, il me raconte LE gros coup qui lui a permis de décoller à 800 000, avant d'abuser de la bulle pour approcher le million. « J'ai open toutes les mains pendant 1 h 30, j'ai un peu abusé. Un joueur open UTG, je découvre deux Dames UTG+1, je me dis que si je 3-bet, mon adversaire va tout le temps fold. Je me contente de flat et il me 3-barrel all-in 400K sur Roi-Dame-6-5-4 avec As-7 off. J'avoue que je l'avais bien travaillé plusieurs heures pour qu'il craque. »

Conscient d'avoir run comme jamais, Gino Cardenia s'est chauffé à venir à Bratislava grâce à ses potes de longue date, Ismaël et Sidoine, avec qui il partage ses émotions poker depuis de longues années du côté de Lille et Saint-Amand-les-Eaux. « Ils m'ont motivé à venir, rembobine Gino. J'avais un ticket qui dormait, que j'avais gagné à Madrid sur un satellite. Wina m'a envoyé un mail en me disant que si je ne l'utilisais pas au 1ᵉʳ janvier 2025, il était annulé. Du coup, je suis venu. On est une dizaine de potes dans un Airbnb, il y en a quatre qui sont passés au Day 2 et d'autres qui ont lâché pas mal de bullets. »

La dernière fois que Gino Cardenia avait autant vibré, avec un stack aussi confortable, c'était sur un tournoi à 25 000 $ du côté des Bahamas, où il avait fini le Jour 2 avec le chip-lead du clan français. « Demain, on va pouvoir s'amuser avec tous ces jetons », conclura-t-il avant d'aller rejoindre ses potes pour le débrief. - Tapis_volant

Reçu quatre sur quatre

Parmi les gros tapis du jour, on retrouve aussi Benoit K., plus connu dans le microcosme poker sous le pseudo de BenBen, et illustre président du club Pokeralille. Un président visiblement sous le coup de l'émotion, après avoir joué l'un des coups de sa vie contre Joao Vieira : « Je relance UTG+2 avec A6 et il défend sa BB, raconte Ben. Il donk-bet sur le flop 474, et mise la moitié du pot sur un turn 4. La river est un 8, il fait 125 000, c'est encore au moins la moitié du pot. Je call, il a « air ». Moi je ne suis qu'un récréatif, mais j'ai fait confiance à ma lecture. Je vais aller me coucher là-dessus ! » nous disait le héros quelques minutes avant la fin de la journée.

Un Day 1C qu'il termine finalement avec 857 000 jetons, et avec la satisfaction de valider un quatrième ITM en quatre Main Events joués sur des festivals Winamax ! "Deux fois à Bratislava, et deux fois au SISMIX !" Concernant sa journée dans son ensemble, Benoit confiait qu'il avait fait "les montagnes russes. Au bout de deux heures, j'avais deux fois la moyenne, puis je perds 80% de mon stack avec une quinte floppée. J'ai shove trois fois, c'est passé, puis j'ai triplé. Ensuite, je suis remonté, j'ai agressé, et j'ai gagné brelan de Valets contre brelan de 2." Bon, les places payées, c'est bien gentil, mais Benoit peut maintenant nourrir d'autres ambitions pour la suite de ce tournoi. - Rootsah

The Chau must go on

Du côté des WIPs, Fred Chau a réalisé une prestation de toute beauté sur ce Day 1C pour finir à 778 000 jetons. "Tu connais l'expression 'être dans la zone'?, me demande-t-il au moment où je le questionne sur sa performance. "J'ai eu l'impression de surfer, développe-t-il, que rien ne pouvait m'arriver. J’ai toujours été au-dessus de l’average, j’ai pas mal swingué en début de journée, et après, j’ai bien run good, j’ai eu un gros rush où j’ai bust 5 personnes en l’espace de 90 minutes. J’ai l'impression d'avoir fait les folds quand il le fallait, j’ai hero call 4 ou 5 fois aussi, quand j'avais réussi à décrypter des tells chez mes adversaires sur les joueurs.

Le comédien, qui joue au poker depuis plus de vingt ans, n'a plus trop l'habitude des tournois, privilégiant le cash-game depuis qu'il a des enfants. Mais toujours de retourner à ses premiers amours, il avoue bien volontiers que son expérience de comédien lui permet de gagner quelques petits edges sur les tournois, comme "essayer de manipuler les joueurs pour les faire payer plus que de raison quand il est nutsé". Maintenant que tout le monde est dans l'argent, on verra bien si Fred est toujours aussi Chau d'action pour continuer à monter des piles sur ce Main Event du WPT Bratislava, et ce dès demain sur le Day 2. - Tapis_Volant

Day 1C : le top 10

Nom	Prénom	Pays	Jetons
CARDENIA	Gino	France	943 000
KOZUBSKI	Benoît	France	854 000
DUMAS	Jordan	France	851 000
SZARKA	Zoltan	Hongrie	797 000
GOETTLER	Torben	Danemark	780 000
CHAU	Fred	France	778 000
SVOBODA	Tomas	Slovaquie	774 000
LARPIN	Antoine	France	717 000
APARICIO	Alvaro	Espagne	606 000
PELEG	Itai	Suède	584 000

Classement complet et seat draw

Ce n'est pas parce qu'on a son rond de serviette sur les tournois Super High Roller à 250 000 $ l'entrée qu'on prend de haut un tournoi Winamax à 500 balles. On le savait déjà depuis le SISMIX 2018 : incapable de jouer autre chose que son A-game, Adrian Mateos refuse de gaspiller le moindre jeton. Peu fourni en jetons à l'approche de la bulle, il n'a pas lâché la rampe pour autant. Et après une interminable série de folds après minuit, c'est dans une position inhabituelle – pour lui ! - qu'on le retrouve en fin de Day 1 : celle de l'ultra short-stack, avec un tapis de 34 000, soit... cinq blindes ! Avec la qualification in extremis d'Adrian, ce seront un total de sept pros qui porteront le logo W au départ du Day 2.

Notre collègue du betting Jonathan Guez termine la journée avec 447 000, aux côtés d'un Comanche qui ne semble pas décidé à le laisser aller se coucher. "J'ai chatté, nous résumait-il sobrement. J'ai re-entry une fois, j'avais une belle table à la fin avec Six-Coups et Fred Chau [il y avait aussi Robin Weber]. Les regs avaient des stacks ingrats, ils ont été assez serrés à la bulle..."

Le Day 2 de Martina du Stream Gang espagnol Martina commencera en position short-stack. Pas comme Matthieu Lamagnère (550 000), Nicolas Plantin (532 000) et Matheo Manzone (416 000). On retrouvera aussi ShiShi de CP Radio et Kill Tilt (381 000), Valentin Imperatore (259 000), le bullard du Day 1B (et combattant MMA) Eduardo Riego (226 000), ou encore Abel Pruchon (212 000), Robin Weber (148 000) et le vainqueur du Wanted Mystery Daniel Triana (42 000).

Nous quand on regarde la liste des bustos du jour

On ne va pas vous faire la liste de tous les joueurs qui ont terminé la journée avec zéro jetons, ça serait trop long, et trop déprimant : cela leur rappelerait à tous que les inscriptions au Main Event sont désormais closes. On citera tout de même le belge Olivier Baeten, qui a envoyé bouler son vieux camarade Davidi Kitai avant de lui-même subir les foudres d'un Fred Chau craquant ses Rois avec Roi-2. C'est terminé aussi pour les spécialistes des mixed games et Cpistes Antoine Chuzeville et Hayg Badem, ainsi que Roland Pardoux, le président d'honneur de Poker à Lille François Hochedé, le Lyonnais Rémi Debord, Hassiba du Grenoble Poker Pontois, ou encore Maxime Large et Patrick Miangu. Allez, la semaine n'est pas terminé pour ceux qui en ont encore sous la semelle : samedi débutera le traditionnellement magnifique Monster Stack à 300 €.

252 joueurs au Day 2, en lice pour un premier prix de…

Il n'a pas désempli pendant trois jours : il vient de fermer ses portes. Lui, c'est le guichet des inscriptions. Alors, le WPO Bratislava 2024, combien de divisions ? Au total, 1 516 inscriptions ont été recensées au cours des quatre Day 1. Un tout petit poil moins que l'an passé (1 577 inscrits), mais un chiffre somme toute stable après la forte baisse enregistrée entre 2022 et 2023.

Très exactement 16,6 % de ces 1 516 inscrits seront au Day 2, ce qui correspond à un field de 252 prétendants au titre. Tous les joueurs encore en course seront réunis pour la première fois de la semaine au même moment, samedi à midi. Parmi eux, quelqu'un qui ignore encore qu'il quittera Bratislava plus riche de 90 000 € !

Benjo, Rootsah & TapisVolant

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