Interview d'Éric Roy

Interview d’Éric Roy

Consultant beIN SPORTS spécialiste Ligue 1, Éric Roy suit le parcours de l’OGC Nice avec enthousiasme. Il revient sur son expérience au club durant les années plus compliquées.

Quand il termine sa carrière de joueur à Nice en 2004, Éric Roy veut voir l’envers du décor d’un club. Manager général, directeur marketing et même coach, l’actuel consultant beIN SPORTS spécialiste Ligue 1 a tout essayé. Il nous parle de ses différentes expériences avec le souhait marqué de retrouver un poste de coach.

Comment se retrouve-t-on consultant beIN SPORTS spécialiste Ligue 1 ?

Au départ, j’avais débuté sur TPS. J’avais signé là-bas pour apporter mon expérience de joueur en Premier League. Il y a eu également un intermède à Direct 8. Ensuite, j’ai dû faire une pause car l’OGC Nice était dans la difficulté en 2010 et il fallait sauver le club. La descente aurait été une catastrophe. En plus, on était dans la construction du nouveau stade et je connaissais les problématiques d’une éventuelle relégation. Je suis resté trois saisons en poste, je ne pensais pas que mon aventure allait se terminer aussi vite. Cela a été brutal. À ce moment, Charles Biétry, que je cotoyais depuis longtemps, m’a proposé de me lancer sur beIN SPORTS. Je suis venu avec grand plaisir.

En 2010, vous aviez le projet de passer vos diplômes de coach. Où en êtes-vous aujourd’hui ?

C’est fait ! Quand on m’a sollicité pour l’opération sauvetage à Nice lors de cette saison, je n’avais pas de diplôme. On s’est malgré tout sauvé facilement en ne perdant qu’une seule fois sur les onze derniers matchs. J’avais constitué un staff qui a été reconduit l’année d’après. D’ailleurs, l’adjoint actuel de Lucien Favre est toujours présent au club. Quand je suis parti à la fin de la troisième saison avec l’équipe, cela m’a permis de régulariser ma situation. À l’époque, on avait le droit à une dérogation pour se couvrir durant les rencontres mais ce n’est plus possible aujourd’hui. J’ai suivi un cursus au sein de la même promotion que Zinedine Zidane, c’était très intéressant. Ce que je fais à BeIN Sports me permet de rester dans le coup mais mon vrai projet est toujours d’entraîner.

D’ailleurs, durant ce cursus, vous avez rencontré Marcelo Bielsa. Pouvez-vous nous raconter ce moment ?

On était une petite promotion avec cinq élèves : Claude Makélélé, Willy Sagnol, Bernard Diomède, Zinedine Zidane et moi. On est allé à Munich pour rencontrer Guardiola, à Turin pour Allegri, à Bruges pour Michel Preud’homme et à Marseille à l’époque de Marcelo Bielsa. C’était une chance de le rencontrer. Lui n’avait d’yeux que pour Zidane. Il était comme un petit gamin face à lui, on a senti qu’il aimait les grands joueurs. Il nous a dit beaucoup de choses même si c’était compliqué avec la barrière de la langue. On a également assisté à ses séances d’entraînement. Il a des idées bien arrêtées, des manières de voir le jeu de façon particulière même si je ne partage pas toutes ses méthodes, notamment celle du marquage individuel. Ce qu’on est obligé de reconnaître, c’est que la manière dont il fait jouer son équipe provoque un déséquilibre durant toute la rencontre. On l’a d’ailleurs vu à Marseille. Il a redonné goût aux supporters mais sa quatrième place finale n’est pas un excellent résultat sportif au vu des joueurs de l’époque. Après la trêve, les adversaires avaient compris son système et lui n’a pas su proposer autre chose pour s’adapter. Ou il ne l’a pas voulu.

Justement, que pensez-vous de l’Olympique de Marseille de Rudi Garcia ?

C’est un OM en reconstruction, assez fragile. Rudi a essayé des systèmes qui n’ont pas fonctionné en cherchant à faire du jeu avec des joueurs pas assez armés défensivement. C’est une formation qui a malgré tout progressé mais qui, en l’état actuel, ne peut pas jouer les trois premières places. J’avais personnellement rendu visite à Rudi Garcia lorsqu’il était Rome et il m’avait reçu avec beaucoup de sympathie. Il a des convictions de jeu, c’est un coach de qualité, cohérent et sérieux. Beaucoup de choses vont dépendre du mercato à venir. C’est un projet qui demande du temps dans une Ligue 1 avec de plus en plus de concurrence.

Dans ce métier où l’on oublie parfois vite les coachs, n’avez-vous pas peur d’avoir laissé passer le train ?

J’ai toujours eu des opportunités, à Nice à mes débuts et également récemment. Je pourrais citer le Standard de Liège et Lille à l’époque où Antonetti signe. J’étais vraiment à deux doigts de rejoindre le club. Frédéric avait beaucoup de matchs en Ligue 1 à son actif et je pense que c’est ce qui a payé, même si je considère que mes 70 rencontres à la tête d’une équipe parlent pour moi. Les présidents sont souvent conservateurs, avec peu d’imagination. C’est bien et nécessaire de passer les diplômes mais rien ne vaut l’expérience du terrain. Dernièrement, j’ai également eu la possibilité d’aller à Lens et Lorient mais le club a préféré prendre Casoni. Là aussi, c’était pratiquement signé. En étant toutes les semaines sur les terrains, je connais bien les joueurs et les systèmes. Je peux être opérationnel très rapidement. Les gens peuvent se dire « Lui, il est consultant, c’est bon », mais je l’affirme à nouveau : mon objectif est de trouver un banc.

Quel regard portez-vous sur l’évolution de l’OGC Nice depuis votre départ du club ?

Quand j’y étais, la problématique était essentiellement financière. C’était un club qui dépensait plus d’argent qu’il n’en gagnait. Même si on avait une masse salariale plus faible qu’aujourd’hui, il fallait vendre chaque saison nos meilleurs éléments pour rééquilibrer les comptes. Un gros travail a été fait. Sur les quatre années passées par Claude Puel, les deux bonnes saisons sur cette période ont permis à l’OGC Nice d’engranger plus d’argent. Surtout, il y a eu le rachat partiel du club l’année dernière, ce qui lui a permis de réaliser des coups sur le marché des transferts : Ben Arfa, Balotelli, Belhanda, Dante… Nice a passé un cap en termes de qualité de joueurs et a pris un bon coach avec une bonne réputation. Pour le titre cette saison, je pense qu’il y a des chances ! Aujourd’hui, Monaco a la possibilité d’aller dans le dernier carré de la Ligue des champions, ce qui leur prendra de l’énergie. Cette équipe de Nice me fait penser à celle de Montpellier lors de la saison du titre. Elle a changé sa façon de gagner, passant des victoires larges à des succès plus courts en deuxième partie de championnat. Tout est possible.

Le combiné Ligue 1 d’Éric Roy

Session one-shot « jobs »

La qualité principale d’un coach ?

L’adaptation.

Le dossier le plus dur à gérer en tant que manager général ?

Construire une équipe avec peu de moyens. Quand Claude Puel a débarqué, il a terminé quatrième avec une bonne partie de l’équipe que j’avais construite. Et tout cela avec des bouts de ficelle. Il avait seulement acheté Kolodziejczak et Pied. Il y a énormément de frustration quand tu n’as pas d’argent, tu sais que tu es forcément limité. Ma plus grande déception a été de pas avoir pu travailler avec cette équipe.

L’équipe la plus plaisante à commenter cette saison ?

Monaco.

Le plus grand souvenir en tant que joueur ?

J’ai aimé des choses différentes à Lyon, Marseille et Nice. Mon émotion la plus forte a été le barrage de la descente entre Nice et Strasbourg en 1989. On était en première division et on jouait contre Strasbourg qui évoluait en D2. On perd 3-1 là-bas à l’aller. Au match retour, on l’emporte 6-0 dans l’ancien stade du Ray. Je crois d’ailleurs que c’est le record historique de spectateurs dans l’enceinte. C’était le début de ma carrière avec un grand souvenir.