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WSOP 2021 - Main Event - TF

Un petit Sit-N-Go à huit millions de dollars

Main Event (Finale) - Level 34 (250 000 / 500 000 BB ante 500 000)

Binion's Horseshoe
Le Binion’s, anciennement Binion’s Horseshoe, la maison des WSOP de 1970 à 2004. Un pèlerinage s’imposait avant le coup d’envoi de la plus prestigieuse finale de l’année !

Croisé dans la file d'attente du Starbucks, Shaun Deeb a tenu à nous offrir notre petit déjeuner. Sympa, Shaun. Du coup, on en a profité pour lui poser les deux questions qui nous brûlaient à une heure du coup d'envoi de la finale du Main Event. 1/ Le bust de Chance Kornuth (As-Roi directement 4-bet à tapis pour 40 BB contre un joueur plutôt faible) était-il un spew ? Et 2/ Quel pourcentage du temps Koray Aldemir va-t-il gagner cette finale ? Les réponses de Deeb ont fusé du tac au tac, intelligentes et intelligibles, dommage que mes mains étaient prises par un latte venti et un sachet de pâtisseries, je n'ai rien pu noter, mais j'ai retenu que 1/ Non, Chance Kornuth n'a pas fait n'importe quoi en optant pour cette line agressive avec As-Roi, il n'y avait pas beaucoup d'autres options pour le joueur actif qu'il est, un 5-bet l'aurait rendu exploitable pour la suite, et en envoyant le tapis il s'achetait l'option de faire abandonner de belles mains légèrement favorites comme deux Valets ou deux 10. Et 2/ En ce qui concerne les chances de Koray Aldemir : c'est du 50/50 ! Une proba très élevée justifiée par un tapis virtuellement infini (170 blindes) et des années à engranger des gains à six chiffres sur le circuit High Roller. - Benjo

Sans transition, place à l’action, car un premier joueur a quitté le podium télévisé après seulement neuf mains…

This is… the Main Event

Main Event TF
Des centaines de supporters entassés sur les bords de la table télévisée, les caméras de Poker Go qui se baladent entre les rangs, autour des tables, et sur le plateau qui a été dressé spécialement pour l’évènement, à la place de la « secondary featured table ». Le bataillon de reporters semble avoir doublé en effectif, au point qu’il nous est difficile de trouver une table ou s’asseoir dans cette marmaille de médias.

Dans cette atmosphère électrique, les neuf finalistes de ce Main Event ont parcouru les longues allées du « Convention Center » suivis par une horde de caméras, portées à bout de bras, sur l’épaule ou tractées par de minicamionnettes ouvrant le chemin aux joueurs jusqu’à l’Amazon Room.

Jareth, Chase, Hey, Ozgur, Jack, Joshua, Alejandro, George et Koray s’apprend à vivre un moment exceptionnel de leur histoire. Une partie de poker dont il se souviendront à jamais et qui pourrait peut être, si ce n’est déjà fait, changer leur vie. Les floors annoncent le tant attendu « Shuffle up & Deal » : La plus grande finale de poker de 2021 est lancée ! - Fausto

À l’abordage d’entrée : Barberousse rasé

Déjà un sortant, après seulement neuf mains
Chase Bianchi éliminé en neuvième place (1 000 000 $)

Chase Bianchi
Pour certains, le plaisir aura été de courte durée. Il faut dire qu’avec la présence de deux joueurs sous les dix blindes et de Hye Park autour des 20 BB, on pouvait s’attendre à voir ses trois joueurs vite jeter leurs derniers jetons dans la bataille. Un double-up ou rien, c’est certainement la stratégie de Chase Bianchi et Jareth East. Avec un si faible écart de pay-outs de la 9e à la 6e place (100 000 $, 125 000 $ puis 175 000 $, alors que l’écart entre le 10e et le 9e était de 415 000$), la réparation favorise la prise de risques pour les joueurs placés en bas de chipcount. Ca n’a pas loupé.

Dix minutes de jeu ont suffi pour voir Chase Bianchi engager tout son tapis. Open de Jack Oliver 1 600 000 au cut-off, payé par George Holmes en grosse blinde et Chase prend le spot de squeeze avec KQ en poussant ses 10 000 000, 13 blindes. Malheureusement pour la plus belle barbe du field, Jack Oliver tient une pretium. Il 4-bet shove avec son AK pour faire sortir Holmes du coup et se retrouver avec un 70-30 face à Chase Bianchi. Le board 68810J apportera peu de suspens. Après cinq mains jouées, Chase Bianchi est le premier éliminé de la table finale du Main Event WSOP.

Seul joueur présent aujourd’hui à avoir déjà gagné un tournoi WSOP (un 1 000 $ en 2017 face à un field de 2 242 joueurs), Chase n’ajoutera pas de deuxième bracelet à sa collection. D’après certains de ses adversaires, Bianchi avait n'a pas le « time », ayant demandé à plusieurs reprises la clock après à peine une minute de réflexion adverse, dans des coups qui méritaient certainement plus d’indulgence. On retiendra tout de même son courage et sa capacité à revenir dans la bataille à plusieurs reprises, alors qu’il était presque désarmé de jetons. Son expérience du live et sa bonne gestion de stack lui ont permis de s’offrir une place en finale du Main Event et un million de dollars. - Fausto

Chip-count après la sortie de Bianchi Koray Aldemir 141 600 000 George Holmes 80 500 000 Alejandro Lococo 48 800 000 Jack Oliver 44 100 000 Joshua Remitio 42 000 000 Ozgur SeçilmiÅŸ 22 500 000 Hye Park 13 500 000 Jareth East 6 300 000

Blindes 400 000 / 800 000 BB ante 800 000

East, la sortie de piste

L'Anglais Jared East éliminé en huitième place (1 100 000 $) Main Event (Finale) - Level 34 (250 000 / 500 000 BB ante 500 000)

Jared East
Pas de round d'observation en ce début de Main Event. Cinq coups pour la première élimination et dès la main suivante, un nouveau sortant ! Après Chase Bianchi, c'est l'autre shortstack, Jareth East, qui est éjecté prématurément de la finale. Pas de regret pour l'Anglais qui a trouvé un solide AJ en début de position. Au vu des circonstances, c'est largement assez pour envoyer ses neuf dernières blindes. Mais au bouton, George Holmes se réveille avec QQ, et place un 3-bet pour isoler le Britannique.

Le croupier fait apparaître un A sur le palier du flop (door card en VO), suivi d'une Q et d'un 7 qui ne laissent que peu d'espoir à Jareth. Le résident de Bournemouth se retrouve carrément drawing dead sur la turn, un 4.

Après un parcours magnifique, Jareth East sort finalement huitième de ce Main Event. Déjà payé en 2015 pour un peu moins de 30 000 $, le grinder birtannique réalise un deuxième cash, autrement juteux : 1,1 million de dollars pour récompenser un deep-run fabuleux. Après sa victoire sur le WPT Deepstack Online pour 557 briques l'année dernière, Jareth réalise une nouvelle performance de choix et franchit un palier supplémentaire dans sa jeune carrière. En attendant le résultat final de son compatriote Jack Oliver, Jareth inscrit son nom au panthéon du poker anglais. East, un nouveau but, un nouveau cap : on se retrouvera. - Fausto

Bring it back home, Holmes

Chaque finale de Main Event comporte son lot de belles histoires. Généralement, il s’agit d’un amateur, pas prévu pour le rendez-vous, mais qui se retrouve propulsé sous le feu des projecteurs, à jouer sur la plus prestigieuse des tables, pour une partie qui pourrait changer sa vie. Des histoires de qualifiés à la Chris Moneymaker, des parcours insolite comme le bucheron Darvin Moon, runner-up en 2009 (R.I.P), des révélations à la Dennis Phillips

Cette année, le casting laisse peu de place aux histoires de ce genre. La plupart des prétendants sont joueurs professionnels (tournoi ou CG), ou bien des grinders Online. Alejandro Lococo, le rappeur argentin pourrait postuler, mais sa grande notoriété et son statut d’ambassadeur Pokerstars l’écartent de cette catégorie « random ». Non, la belle histoire de cette table finale WSOP 2021, c’est bien celle de George Holmes.

George Holmes
Cet amateur venu d’Atlanta n’est pas vraiment un joueur de tournoi. Il en joue très exactement un seul par an. Et ce tournoi, c’est tout simplement le Main Event des WSOP (what else ?). Passionné de poker depuis de nombreuses années, George a décidé depuis 2019 de s’offrir son pèlerinage à Las Vegas, pour jouer le Big One. Cette stratégie bien spécifique lui réussit plutôt bien. Pour son premier voyage, en 2019, Georges parvient jusqu’au Day 5, pour ramener un premier ITM et 50 855 $. Deuxième essai cette année, et George est en train de considérablement améliorer son score, avec une table finale, qu’il débute avec le deuxième plus gros stack.

Ce parcours exceptionnel, il est beau de le célébrer avec les copains. Et Holmes n’a pas fait les choses à moitié. Près d’une vingtaine d’amis ont fait le déplacement pour soutenir Georges et assister en direct au dénouement de sa belle histoire.

« On vient d’atterrir ce matin, me commente Lee, un de ses amis, dont la relation est née au cours d’une partie de cartes. On avait tout suivi en streaming et quand Georges est arrivé au Day 7, on a tous pris notre billet. C’était impossible de manquer ça ». Felicia, la femme de Georges est bien évidemment présente, postée juste derrière les barrières de la table télévisée, ne quittant pas son mari des yeux. Comme tout le clan de supporters, elle revêt un T-Shirt à l’effigie de Georges, floqué du message « Bring it Back Holmes » (jeu de mot avec Bring it back home. En français : ramène la coupe à la maison !

C’est Dan, l’un des meilleurs amis de Georges qui a imprimé les T-Shirts. « Il y a toute la communauté poker d’Atlanta qui est là pour le soutenir, indique Dan, qui connaît Georges depuis plus de 13 ans. On a l’habitude d’organiser des home-games, chaque semaine, il y en a un qui accueille les copains à la maison ». Le poker n’est pas la seule passion qui rapproche les deux hommes. « On aime aller regarder les évènements sportifs, on se fait des restos et on aime bien jouer au golf… On n’est pas terrible, en tout cas moins bons qu’au poker, mais on se marre bien ». Peu importe leur niveau, tous les supporters présents partagent un bonheur incroyable en voyant Georges jouer cette table mythique.

« C’est absolument surréel. Voir notre gars à ce stade du tournoi, pour la finale des WSOP, c’est un rêve, confie Lee ». « Je n’arrive même pas à croire que c’est réel, renchérit Dan. On est tous fiers de lui. C’est la personne la plus humble que je connaisse, un gars vraiment bien. C’est déjà exceptionnel de le voir ici et il mérite d’aller au bout ». - Fausto

L’Argentine au Rio, un continent derrière MC Papo

Main Event (Finale) - Level 37 (500 000 / 1 000 000 BB ante 1 000 000)

Table finale WSOP ME
En se baladant le long des tribunes de la table télévisée, on entend surtout parler anglais. Les traditionnels « U.S.A ! U.S.A ! » résonnent à chaque nouveau coup gagné par l’un des trois représentants américains encore en course. Accent et attitude légèrement différente dans le clan britannique, avec les amis de Jack Oliver, venus de Londres pour supporter le jeune grinder. Mais sur la gauche des gradins, c’est un parler plus ensoleillé qui résonne dans les travées. « Cuantas fichas tiene Alejandro, boludo ? ». Pas de doute, on vient d'entrer dans le Kop argentin.

« Il y en a qui était déjà à Vegas, mais certains viennent d’arriver de Buenos Aires, me précise l’équipe, éparpillée entre les gradins et la bordure de table télé. Et derrière l’ordi, il y a les spécialistes, ou du moins, ceux qui s’y connaissent un minimum, qui peuvent analyser les mains et les rapporter à Alejandro. ». Appuyé sur le bord du box sud-américain, il y en a un qui s’y connaît même plus que bien. André Akkari, l’une des icônes du poker brésilien, a profité de la pause sur le 10k Razz qui se joue dans l’Amazon Room pour saluer le compère argentin.

« Dans d’autres disciplines, c’est rare de voir un Brésilien supporter un Argentin, plaisante l’ambassadeur Pokerstars. Mais ce n’est qu’une rivalité sportive, ici, on est tous derrière Alejandro ! ».

Alejandro Lococo
Pour le Brésilien, la résonance du parcours de Papo MC (le nom de scène d'Alejandro Lococo) en Amérique latine ne fait pas de doute. « On a besoin de figures comme lui pour donner de la force au poker sud-américain. Il y a déjà une belle communauté au Brésil, et en Argentine, c’est en train de grandir, notamment depuis la victoire de Damian Salas l’année dernière » explique André Akkari.

Vainqueur d’un bracelet en 2011 sur un massif 1 500 $, le Brésilien n’est pas le seul pro à remplir le Kop sud-américain. « Nacho » Bardero, triple vainqueur Latin Poker Tour et vainqueur de High Roller EPT, fait également partie du rail, pour espérer un improbable « back-to-back » argentin. « On est tous présents. La seule chose qu’on a oublié, c’est le drapeau ! » note Bardero. Avec 69 millions de jetons, le deuxième stack provisoire, Alejandro Lococo défend pour l’instant fièrement les couleurs de l’Argentine. Et avec ses moves imprévisibles, on sait qu’avec lui, tout peut aller très vite, dans un sens comme dans l’autre Vamos Lococo ! - Fausto

Lococo, comme son nom l’indique

Alejandro Lococo éliminé en septième place (1 225 000 $) Il y a peu de chances que le reste de la finale offre un coup plus dingue que celui-ci Main Event (Finale) - Level 37 (500 000 / 1 000 000 BB ante 1 000 000)

« Mais qu’est-ce qu’il a foutu, putain ? »
« C’est un suicide en direct. »
« Il a voulu entrer dans la légende… C’est raté. »

Alejandro Lococo
Consternation sur le banc des journalistes : horrifiés et incrédules, nous venons d'assister à une autodestruction en direct. Alors qu'il était confortablement installé en business class dans le vol 2021 de Main Event Airlines, Alejandro Lococo vient d'être brutalement sorti du zinc sur un siège éjectable. C'est quelque part dans les étendues désolées du désert de Mojave qu'il s'est crashé en septième place. Et c'est lui, et lui seul, qui a appuyé sur le bouton self destruct.

C'est sur la 61e main de la table finale que le rappeur argentin a implosé. Le coup commence avec un min-raise à 2 millions, placé UTG par Lococo. Tout le monde passe jusque Koray Aldemir au cut-off : le chip-leader 3-bet à 5,6 millions. C'est payé par Lococo après trente secondes de réflexion. Chic alors, voilà les chip-leaders qui s'affrontent ! D'un coup, on sent immédiatement la tension monter d'un cran sur le plateau télé.

Le flop tombe JJ9. Lococo check, et paie un c-bet de 3,9 millions.

Le turn est un 8 ouvrant un second tirage couleur. Deuxième check de Lococo, deuxième bet d’Aldemir (11,4 millions), et deuxième call de Lococo.

Rivière : un tout à fait anodin 3. Ce qui va suivre le sera beaucoup moins. Lococo check une dernière fois, et Aldemir sort la grosse artillerie avec un overbet. C’est suffisant pour mettre à tapis Lococo qui, rappelons-le, possède le deuxième plus gros stack au départ du coup. L’Argentin va réfléchir très exactement une minute et 33 secondes - les écrans de contrôle de la régie TV font foi - avant d’engager le reste de ses jetons.

Les jeux ?

Aldemir retourne exactement ce qu’il représentait avec cette séquence « 3-bet puis 3-barrel shove » : une pocket paire de 9 pour le full floppé. En face, Lococo ne peut montrer qu’une pocket paire de 10. Hurlements dans toute l’assistance.

Alejandro Lococo
Car ce qui vient de se passer est proprement incroyable : en table finale du plus gros tournoi de la planète, sous les yeux des caméras, le rappeur a tenté le plus gonflé, le plus impossible des hero calls. Loco, mucho loco ! Dingue, taré, cinglé... mais raté. "Ce n'est pas si mal joué, le coup est standard jusqu'à la rivière", dira ensuite Adrian Mateos, un temps coach du rappeur, dans le chat du Team. "Sur la rivière, c'est une décision très difficile." Star du hip-hop en Amérique du Sud, Alejandro Lococo ne rentrera pas en Argentine avec le trophée de Champion du Monde de poker à offrir à ses millions de followers, mais personne ne pourra lui enlever ça : sur la partie de cartes la plus médiatisée de l'année, il a prouvé qu'il n'avait pas froid aux yeux, posant sans trembler ses cojones sur la table au moment le plus crucial. - Benjo

Koray Aldemir a levé l'hypothèque

Alejandro Lococo
Après avoir mangé l'énorme tapis de Lococo, Koray Aldemir possède désrmais 209 millions, soit... 52 % des jetons en circulation. Une situation rarissime si l'on considère qu'il reste encore six joueurs à table. Crédité par les bookmakers de 50 % de gagner la finale avant le coup d'envoi, le Germano-Turc semble désormais intouchable. "Le suspens de la finale en a pris un coup", lâche mon collègue Fausto. "Il est maintenant virtuellement impossible qu'on le déloge de son piédestal." - Benjo

Koray Aldemir 209 300 000 (52 % des jetons)
George Holmes 61 800 000 (15 %)
Joshua Remitio 58 400 000 (15 %)
Henry Park 33 200 000 (8 %)
Jack Oliver 28 300 000 (7 %)
Ugur Siecilmis 8 300 000 (2 %)

Ozgur, le baroud döner

Main Event (Finale) - Level 38 (600 000 / 1 200 000 BB ante 1 200 000)

Ozgur Secilmis
En temps normal, c’est le chipleader de la table qui est censé dicter l’action et assurer le spectacle. Mais depuis une trentaine de minutes, c’est le "chiploser" Ozgur Secilmis, qui lui a volé la vedette. Cramponné dur comme fer à ses derniers jetons, le Turc refuse de partir, quitte à se laisser tomber dans des eaux bien dangereuses. Pour autant, Ozgur n’a pas l’air d’être inquiet. En plein kiff malgré ses sept blindes, le Stamboulitote fold sa BB, puis se lève vers son camp en montrant fièrement son jeton de 5 millions, le dernier qu’il lui reste, provoquant les clameurs du Kop turc.

« Il se fait plaisir ! C’est son premier Main Event, rappelle Onur, qui connaît l’animal depuis maintenant douze ans. On a voyagé ensemble plusieurs fois, c’est un gars qui adore parcourir le monde et qui aime beaucoup faire la fête ».

Pour son premier Vegas, Ozgur est venu avec une dizaine d’amis. En temps normal, c’est du côté du Merit Poker de Chypre que le joueur de cash-game a ses habitudes. « Les casinos sont interdits en Turquie, m’explique le rail de Secilmis. Ozgur fait pas mal d’allers et retours entre Istanbul et Nicosie. ».

Tombé à cinq blindes, Ozgur s’accroche comme il peut, en attendant son spot pour revenir dans la partie. « Je peux t’assurer qu’il ne pense pas seulement à gratter les paliers. C’est un gagnant et il jouera pour la première place quoiqu’il arrive » me confie Onur. En attendant, il faut déjà doubler. Ca tombe bien, au moment de finir sa phrase, Ozgur se lève une nouvelle fois pour montrer de nouveau son jeton de 5 millions, qu’il décide cette fois d’envoyer au milieu !

Le rail se précipite sur les bords de la table télévisée, rejoint par leur héros qui arrive tout sourire pour voir le flip qui décidera de sa survie. AQ chez Ozgur, qui doit battre le 44 de Koray Aldemir.

Prêt à exploser, le Kop stambouliote se met à hurler quand vient le flop AK8. L’excitation monte sur la turn J et la river 3 libère le clan Ozgur ! Increvable, le Turc vient de faire doubler ses six blindes et reste dans la course, à 7 left de ce Main Event.

Check du poing très amical chez Koray Aldemir, qui peut tranquillement accepter ce lancer de pièce raté. Le chipleader passe de 190 à 184 blindes et conserve un stack 4,5 fois plus élevé que le deuxième en jetons.

« On supporte aussi Koray, me précisent les supporters de Secilmis. Il est Allemand mais son père est Turc et il parle bien bien la langue. On est pour Ozgur, mais on sera aussi content pour Koray ! ».

Après ce coup entre frères du Bosphore, Aldemir conserve donc un chiplead colossal, tandis que Selcimis revient dans la partie, avec Hye Park désormais dans sa ligne de mire. - Fausto

Park tondu

Henry Park éliminé en sixième place (1 400 000 $) Main Event (Finale) - Level 38 (600 000 / 1 200 000 BB ante 1 200 000)

Henry Park
C’était certainement l’un des Kops les plus en vue depuis le début de la journée. Avec leur t-shirt à l’effigie de leur héros, et le drapeau de sa division au sein des Marine Corps, le Kop De Henry Park n’avait rien à envier aux autres groupes de supporters. Mais sur la table, Henry, lui, ne semblait pas dans un bon jour.

Sur les trois premiers niveaux, le stack de Park a lentement diminué. Plutôt discret, le joueur entre dans peu de coups, se fait gratter quelques blindes à chaque orbite, et lorsqu’il défend, il abandonne rapidement le pot. À force de ne remporter aucun coup, Henry se retrouve dans la zone rouge, d’autant plus que son concurrent direct pour le chiplose, Ozgur Secilmis, revient à grand pas.

L’Américain trouve finalement une main pour attaquer. Depuis la petite blinde, Park découvre 77 place un limp/reraise tapis pour ses 17 dernières blindes face à Koray Aldemir, qui l’avait isolé pour 3,5 blindes. Le problème, c’est que l’Allemand tenait lui aussi une main légitime, AQ, pour un flip à quelques centaines de milliers de dollars.

L’ancien Marine croit tenir sur le flop K82, mais la turn Q fait tout basculer. La river 9 ne changera rien et Henry sort de ce Main Event en 6e position. Chipleader à l’entame du Day 6, celui qui avait terminé 5e MSPT 2018 au Venetian pour 165 briques améliore considérablement son nouveau score : 1 400 000 $ pour récompenser ce fabuleux run.

Koray Aldemir continue quant à lui d'écraser cette table finale, avec désormais 252 400 000 jetons.

Chipcount à 5 restants Koray Aldemir : 252 400 000 Georges Holmes : 53 100 000 Joshua Remitio : 40 700 000 Jack Oliver : 35 900 000 Ozgur Secilmis : 17 200 000

Chiche qu’t’es bust

Ozgur Secilmis éliminé en cinquième place (1 800 000 $) Main Event (Finale) - Level 38 (600 000 / 1 200 000 BB ante 1 200 000)

Ozgur Secilmis
Il aura chèrement vendu sa peau, qui fut un temps plus résistante que le cuir. C'est - sans surprise - l'écrasant chjp-leader Koray Aldemir qui aura fini par réussir à tanner Ozgur Secilmis. Dans ce showdown préflop 75% Turc, 25 % Allemand, le K5 poussé UTG par le joueur d'Istanbul pour 14 BB ne sera pas de taille face à la paire de 9 du jeune leader, malgré une chiée d'outs trouvées sur le flop AJA puis sur le turn A.
Ozgur Secilmis
Là rivière 8 n'en faisait pas partie, scellant l'élimination de l'habitué des casinos de Chypre (et accessoirement premier joueur Turc atteignant la table finale du Main Event) en cinquième place.

Il ne reste plus que quatre joueurs, dont un Koray Aldemir possédant 75 % des jetons en circulation. Le chiffre désiré par les organisateurs en début de journée est atteint, mais il est encore tôt : 22h30. Après une rapide discussion avec les finalistes, c'est décidé : on jouera une heure de plus… où jusqu'à assister à une dernière élimination. Spoiler alert : celle-ci s'est déjà produite au moment où je termine ce post…

Il n’y a qu’un seul pilote dans l’avion Main Event

Le favori n'a pas simplement confirmé son statut durant la première moitié de la finale : il a tout défoncé Il reste trois joueurs, mais on a du mal à imaginer un autre vainqueur que Koray Aldemir Main Event (Fin de la première moitié de la finale)

3 handed WSOP ME
S'ils sont trois joueurs à poser pour l'objectif de Caroline Darcourt sur la photo ci-dessus, qu'on ne s'y trompe pas : deux d'entre eux jouent pour la seconde place. Car la première est d'ores et déjà virtuellement acquise à Koray Aldemir. L'Allemand spécialiste des High Rollers (12 millions de dollars engrangés en dix ans de présence sur le circuit) n'a pas fait que confirmer son statut de favori durant la première moitié de la finale : il l'a entériné à grands coups de burin, un sourire carnassier sur le visage, la langue haletante et la chemise rouge du sang de ses adversaires. Trois des cinq éliminations du jour ont été signées de sa main, y compris celle, complètement improbable, du rappeur argentin Alejandro Lococo après un hero call désastreux alors qu'il était confortablement installé en seconde place. Résultat : dans le fameux "duel à trois" restant encore à jouer sur le Main Event des WSOP, Aldemir partira avec trente foulées d'avance sur ses deux derniers adversaires, disposant d'une manne de 264 millions pour continuer d'imposer sa cadence. Cela représente 66 % des jetons : en l'état, vous nous pardonnerez de vendre la peau des ours avant que l'Allemand ne les ait tués. - Benjo
Koray Aldemir
C'est un homme heureux qui s'est prêté au jeu de l'interview avec les journalistes. Il est presque 23 heures au moment de récupérer ses premières impressions, et Koray Aldemir est - qui s'en étonnera - toujours sur un petit nuage : "Pour être tout à fait honnête, pour moi tout ça est encore un peu surréaliste. En fin de journée hier, j’avais le cerveau complètement cramé. J’étais épuisé… alors qu’aujourd’hui je me sentais vraiment mieux."

Après Pius Heinz et Hossein Ensan, Koray Aldelmir est en passe de devenir le troisième Allemand champion du Main Event des WSOP. Et l'expérience de cette finale, il l'a déjà. "La dernière fois, c’est moi qui étais dans le rail, pour supporter mon ami Hossein Ensan. Mais je vous confirme que de l’autre côté, quand on est assis sur la table, c’est très cool aussi."

Koray Aldemir
Comme lors des journées précédentes, son agressivité en a étouffé plus d'un mais, à l'en croire, ce n'était pas juste son statut de leader qui le poussait à relancer aussi souvent. "J’ai eu beaucoup de mains jouables, des mains que je pouvais me permettre d’ouvrir facilement, je relançais beaucoup et personne ne pouvait rien faire. C’était à peu près parfait tout ça, jusqu’à cette paire de Dames à la fin qui ne tient pas, mais je ne peux évidemment pas me plaindre aujourd’hui, c’était une journée fantastique"

Ça, c'était pour finir la journée... mais un peu plus tôt déjà, Koray avait disputé un pot pourtant ultra-important face à Alejandro Lococo. Koray Aldemir est revenu sur cette main avec nous : il pouvait presque comprendre le geste de l'Argentin. "J’ai décidé de 3-bet préflop, je peux aussi call en vrai avec paire de 9. Bon après, quand je fais full au flop, c’est plus facile forcément, je dois valoriser ma main au maximum. J’espérais bien sûr qu’il ait un valet. River, je pense que faire tapis était la bonne solution. Il pouvait facilement avoir un Valet, il pouvait avoir la quinte… donc oui je voulais absolument tout prendre ici. Mais j'insite, cette fois-ci, j’avais un semblant de nuts, c’était plus facile." - Veunstyle

Koray Aldemir
Dans l'ombre du géant Aldemir, le Britannique Jake Olivier est tout de même parvenu à trouver un petit bout de place au soleil. C'est lui qui a signé la première élimination de la journée, celle de l'énervant barbu Chase Bianchi, dont le Roi-Dame ne s'est pas amélioré face à As-Roi. Ayant entamé la finale avec 30 millions, c'est un stack de 77 millions (48 BB) que le jeune fan d'Arsenal emmènera au 3-handed pour tenter de faire tomber Aldemir de son piédestal.
George Holmes
Ouf, nous voilà rassurés : le poker amateur, le poker champagne qu'on aime est encore représenté sur la dernière ligne droite du Main Event. Certes, George Holmes a pas mal degrind au cours de la première partie de la TF, avec un stack chutant de 83 à 57 millions (36 BB) durant les 125 mains aujourd'hui. Mais l'Américain qualifié sur Internet pour 50 dollars aura tout de même eu l'occasion d'éliminer un joueur, l'Anglais Jareth East, avec une paire de Dames restant en tête contre As-Valet. - Benjo

Les stacks

Jetons
Siège 1 : Koray Aldemir (Autriche) 264 600 000 (165 BB) Siège 2 : Jack Oliver (UK) 77 300 000 (48 BB) Siège 3 : George Holmes (USA) 57 400 000 (36 BB)

Les prix

Jack Oliver
Vainqueur : 8 000 000 $ Runner-up : 4 300 000 $ Troisième : 3 000 000 $

La conclusion du Main Event est programmée pour mercredi 16 heures, heure locale, c’est 1 heure du matin chez vous. Ah, au fait, si vous êtes passé à côté : un certain Romain Lewis a gagné un bracelet aujourd’hui !

Panne de réveil

La partie a redémarré plus tôt que prévu Main Event (Finale) - Level 39 (800 000 / 1 600 000 BB ante 1 600 000)

TF Main Event WSOP
Merci aux directeurs de tournoi de nous avoir annoncé hier soir une reprise à 16 heures. Tandis que nous étions tranquillement en train de déguster un fish and chips au « All-American Bar and Grill » du Rio, voilà qu’une information vient brusquer quelque peu notre déjeuner :l le Main Event a déjà repris !

En effet, les organisateurs avaient décidé d'avancer l’horaire de reboot à 14h30. Mais si les caméras de PokerGo étaient déjà sur le pont au moment du shuffle-up, nous autres reporters, n’avons jamais été prévenus. Du coup, on dézingue mes poissons en vitesse, on engloutit nos frites plus vite qu’il ne faut pour le dire et on emboite le pas à travers les allées du Rio pour rejoindre l’Amazon Room, avec une petite heure de retard. Pas d’inquiétude, vous n’avez rien loupé. Seulement quelques coups de timbale entre George Holmes et Jack Oliver, qui n'ont quasi rien changé au rapport de force. À l’instar des reporters Winamax, Koray Aldemir, lui non plus ne semble pas s’être réveillé.

L’Allemand observe ses deux adversaires se mettre sur la tronche sans vraiment se mêler à l’embrouille. C’est Jack Oliver qui ouvre d'abord les hostilités. Le jeune anglais montre ses intentions d’entrée en agressant fréquemment ses deux opposants. Mais la fougue de la jeunesse a vite été calmée par la vieille garde. George Holmes a notamment placé un sympathique 4-bet tapis en bataille de blindes pour tenir en respect le Britannique. Nouveau coup de fouet sur un board QQ7J, où l’Américain va check/raise par deux fois son adversaire anglais pour lui prendre un petit 20 millions de jetons. [EDIT : trente minutes après le coup, PokerGO nous offrait la solution, sous la forme des cartes cachées des deux joueurs. As-7 chez Jack Oliver pour une paire, et un superbe... A4 pour Holmes. Air total ! Pourquoi pas ?]

La stratégie offensive de Jack ne paye pas. Après trente minutes de jeu, Holmes passe la barre des 100 millions tandis que Jack se rapproche dangereusement des 20 blindes. Pas du genre à temporiser, Oliver enverra le premier tapis de la journée avec un 3-bet depuis la big blinde, payée par George Holmes qui s’offrait une balle de Heads-up sur presque flip. A5 chez l’Anglais, K9 chez l’Américain. Le flop Q72 donne le nut flush draw à Oliver, la turn 2 ne change rien et le rail américain hurle sur la river K. Malheureusement le clan Holmes n'a pas compris que Jack avait trouvé les nuts. Jack revient à 44 millions de jetons, deux fois moins que George Holmes. Pendant ce temps, Koray, continue de faire la sieste, avec 247 millions de jetons. - Fausto

Jack, la fin du comeback

Jack Olivier éliminé en troisième place (3 000 000 $) Venons-nous d'assister à l'éclosion d'un futur géant du poker ? Main Event (Finale) - Level 40 (1 000 000 / 2 000 000 BB ante 2 000 000)

Jack Oliver
Il avait déjà sauvé une première balle d'élimination face à Georges Holmes. Mais sur le deuxième flip de la journée, la pièce est tombée du côté de l’Américain. Après neuf jours de combat, Jack Oliver rend les armes : le run mémorable du jeune anglais s’arrête en 3e position. Il rentrera à Londres avec dans ses valises trois millions de dollars.

Tombé à une douzaine de blindes après quelques petits coups perdus contre un Holmes très en forme depuis le début de journée, Jack a tout mis au milieu dans une nouvelle bataille de blindes face à l’Américain. Georges a payé pour s’offrir une deuxième balle de heads-up, une heure pile après la première. QJ chez Holmes, A8 chez Jack qui touche une paire sur le flop 875. Mais sur la turn J, l’Américain en trouve une supérieure. Pas de changement sur la river 9, qui sort définitivement Jack Oliver de ce Main Event.

En bon Anglais, c’est une bière à la main que le supporter d’Arsenal vient pour répondre à une petite interview, quelques minutes après son élimination. Très actif depuis la reprise, Jack Oliver a tout tenté pour revenir dans ce match à trois. « J’avais un plan en tête, confirme le Londonien. Dès hier soir, je me suis dit qu’il fallait jouer pour gagner. J’ai analysé des spots, j’ai étudié quelles étaient mes options si certaines situations se présentaient, parce qu’on jouait pour une somme d’argent insensée ».

La naissance d'un futur grand

Finale Main Event WSOP
Les 8 millions lui ont échappé, mais Jack se consolera tout de même avec 3 millions de dollars. Un accomplissement majuscule dans sa jeune carrière, qui avait commencé ici même, à Las Vegas, il y a trois ans de cela.

À l’époque, Jack Oliver remportait un championnat étudiant, avec un package comprenant un billet pour le Nevada et un ticket pour jouer le Millionaire Maker, qu’il « cashait », pour 4 518 $. Porté par ce résultat encourageant, l’Anglais décidait alors de tenter l’aventure de joueur de poker à plein temps.

Grinder online, il a fait ses armes dans les casinos du groupe Grosvenor, bourlinguant sur toute la carte d'Angleterre : Coventry, Blackpool, Luton et Birmingham, où il enchaine les petites tables finales, avant de revenir à Las Vegas en 2019. Au Venetian, il remporte alors la première grande victoire de sa carrière, sur un 400 $, qu’il gagne pour 27 000 $. Deux ans plus tard, pour son troisième voyage, Jack Oliver passe un nouveau cap et se révèle aux yeux du poker mondial en ajoutant quelques zéros à son ancien meilleur score.

« Le poker est une affaire de progression, on essaie de s’améliorer tous les jours. Quand les gens vont voir ces différentes étapes, ils vont penser que c’est une progression. Ça l’est, mais il ne faut pas oublier que j’ai run extrêmement bien depuis le début du tournoi, commente le Britannique. Je suis sûr qu’il y a plein de joueurs meilleurs que moi dans ce tournoi qui n’ont pas eu ce run donc je pense qu’il faut rester humble et se rappeler que j’ai a été très chanceux ».

Ce gain démentiel marque en tournant dans sa carrière de joueur. Et dans sa vie, tout simplement. « J’ai des ambitions dans le poker, je vais continuer de jouer, c’est sûr. Mais je veux faire d’autres choses aussi. Je ne sais pas encore très bien quoi. Je vais d’abord revenir en Angleterre pour le poser et réfléchir. Mais ce qui est sur, c’est que vous allez me revoir », conclut Jack, avant de rejoindre ses amis, eux aussi déjà armés de breuvages à base de houblon. Car après cette performance éclatante, il est temps de penser aux célébrations.

Tandis que l'Anglais quitte l’Amazon Room, Koray Aldemir et Georges Holmes prennent conseil auprès de leur clan, en attendant que le heads-up se mette en place. En récupérant les jetons d’Oliver, l’Américain revient légèrement sur Aldemir, qui débutera l’ultime affrontement avec un peu moins du double du stack de son adversaire. - Fausto

Le heads up du Main Event 2021 Koray Aldemir (Allemagne) 261 900 000 George Holmes (USA) 137 400 000 Blindes : 1 000 000 / 2 000 000 BB ante 2 000 000

Une conclusion les yeux dans les yeux

Main Event (Heads up final) - Level 40 (1 000 000 / 2 000 000 BB ante 2 000 000)

charlie money
Les huit millions de dollars en jeu ce soir font envie à tout le monde. Même Charlie, historique arbitre des WSOP, aimerait bien se faire la malle avec le magot

Nous y sommes enfin : le bout du tunnel est là, le futur champion du monde de poker est assis juste sous nos yeux, le dénouement est prévu dans les heures (minutes ?) qui viennent. Tout va se jouer entre l'amateur américain George Holmes et le pro allemand Koray Aldemir.

HU b&w
Moment intense, rare, et unique des WSOP, puisque cela n'arrive que sur le Main Event : d'énormes liasses de billets viennent d'atterir sur la table. En théorie, ce sont huit énormes millions de dollars qui trôneront sous les yeux des deux finalistes. En pratique, les organisateurs trichent : ces liasses sont composées de billets de 1 $, avec un billet de cent à chaque extrêmité. Habile.

Les photographes du monde entier se ruent sur la table pour immortaliser l’instant, même le directeur de tournoi Charlie en profite pour taper la pose devant les caméras de Poker GO, billets à la main, tout le monde claque son petit selfie… et la récré se termine. « Je ne veux plus voir personne autour de la table, dehors svp ». Les instructions de Charlie sont formelles, son sourire a disparu, le tête-à-tête le plus important de l’année doit démarre maintenant, tout le monde hors du champ. On est à la recherche du nouveau champion ! - Veunstyle

journalistes HUInstant souvenir pour les photographes

rail koray
Le clan allemand

rail holmes
Le clan américain

La bataille est bien engagée

"Je vais peut-être avoir l'air d'un con..."

Benjo est comme la plupart des observateurs, il commence à s'inquiéter dans le premier niveau de ce heads'up. Aurions-nous posé la couronne de champion sur la tête de Koray Aldemir un peu trop vite ? Quoiqu'il advienne, si le jeune homme veut accomplir son rêve, il va devoir employer les grands moyens. La pression est sur les épaules de l'Allemand, sans contest, lui qui a longtemps été chipleader de ce tournoi, de cette finale, lui qui est le plus expérimenté, qui est le grand favori... et qui voit aussi revenir à grandes enjambées un adversaire qui n'a rien à perdre dans ce tête à tête.

Georges Holmes

Pour la première fois depuis une éternité, Koray Aldemir a perdu son chiplead très rapidement dans cette ultime confrontation. C'est peut-être un détail pour vous, mais ici, ça veut dire beaucoup. Parti avec 262 millions contre 137 millions, Koray a remporté les premiers échanges avant de voir George Holmes revenir sur lui plus vite qu'il ne m'aura fallu de temps pour l'écrire.

Dans un pot 3-bet préflop, George a envoyé trois barrel sur un tableau T632A. En terme de sizing, ça donne 9 millions préflop, puis 5 millions au flop, 13 millions sur la turn et 40 millions sur la river ! Koray a abandonné cet énorme pot, déclenchant une joie immense dans le clan Américain. Deux mains plus tard, il réussissait même à parfaitement rentabiliser une paire de Sept transformé en full, sur un tableau K7QK9. Nous avions à ce moment-là et pour la première fois depuis longtemps, un nouveau chipleader, George Holmes avec 206 millions !

rail holmes

Un chiplead qui n'aura pas duré longtemps, puisque Koray Aldemir a presque tout aussi vite repris le contrôle des affaires, mais le clan Allemand paraissait soudainement moins confiant. Leur poulain va devoir cravacher, les croupiers vont devoir être sympa. Koray a notamment rentré une quinte flush à une carte avec 96 sur T84QJ, plus pour le spectacle qu'autre chose puisque le pot est petit, et que Holmes ne pouvait montrer mieux que K4, mais les mouches ont vite rechangé d'âne. À la force du poignet, Koray Aldemir est repassé devant.

Un bon moment sans confrontation faisant lever les foules... jusqu'à cette main, la 195e de cette finale, 30 minutes avant la première pause du début de ce tête-à-tête. Holmes a open a 4 millions (2x) avant de payer le 3-bet de l'Allemand à 17 millions. Sur un flop 7TA. Aldemir place un c-bet à 10 millions... relancé moins d'une minute plus tard à 28 millions par Holmes. C'est payé...

Tout le monde retient son souffle dans le public, au moment de découvrir la turn 6, une carte check pas les deux joueurs. C'est sur la river 8 que l'action va de nouveau reprendre : Koray Aldemir propose 9 millions de jetons... relancé à 24 millions par Holmes. Koray ne peut se résoudre à rendre sa main au croupier, mais devra tout de même s'incliner après avoir découvert A8 chez son adversaire, pour deux paires.

Après cette main, George Holmes reprenait une belle avance en jetons, avec 230 millions contre 168 millions pour Koray Aldemir.

https://twitter.com/Liv_Boeree/status/1461154914923593728

Oui mais voilà, Koray Aldemir n'est pas du genre à s'énerver, bien au contraire. De la patience et de la réussite, ça suffit quelques instants plus tard pour de nouveau glaner le chiplead. D'abord en grindant son adversaire, puis en remportant à son tour un pot assez sexy, grâce à une river qui lui offrait deux paires aussi. Un scénario qui finira par parfaitement s'inverser, offrant finalement le chiplead à l'Américan George Holmes juste avant la pause.

Il va falloir être solide mentalement et physiquement, ce heads up est très loin d'avoir rendu son verdict.

koray aldemir

Tapis au premier break :

George Holmes : 205 100 000 (85 bb) Koray Aldemir : 194 200 000 (82 bb)

Après la pause, les blindes passeront à 1,2 million / 2,4 millions, BB Ante 2,4 millions

George Holmes, sans peur et sans cinoche

Pendant la pause, le rail américain nous décrit l’état d’esprit de George, joueur atypique, impressionné ni par son adversaire, ni par les millions de dollars.

Main Event (Heads up final) - Level 41 (1 200 000 / 2 400 000 BB ante 2 400 000)

George Holmes

Alors que les deux joueurs sont partis en pause, les membres du rail s’éparpillent autour de la table télévisée. Certains se détendent bières en main, mais d’autres sont encore dans l’action, et commentent les moments forts de cette finale. Alors le clan Holmes, un mot sur cette formidable remontée ?

« Pour l’instant, George est génial. Il est revenu dans la partie avec de superbes coups, mais ça ne m’étonne pas. George est un joueur à part et extrêmement courageux, avance Mike, dithyrambique sur la performance de son pote. Les moves qu’il fait sont très inspirés. Tu as vu le fold avec AQ ! Combien de joueurs sont capables de faire ça ? »

Mike connaît plutôt bien l’animal. A Atlanta, ils jouent ensemble deux fois par semaine depuis plus de treize ans. « George a un style unique. Ce n’est vraiment pas un joueur standard ou GTO. Il sait ce que c’est, mais son poker est bien plus créatif. Il peut faire des coups que personne ne fait, affirme Mike, qui prend à parti son pote Lee, en se remémorant un coup où George l’avait attrapé avec un hero-call apparemment énorme. J’avais demandé à George comment il avait réussi à faire ce move, je n’avais rien compris. Ces explications étaient tellement complexes, en impliquant de la psychologie, des stratégies d’anticipation… Il a vraiment quelque chose en plus ».

Mais entre les home game entre copains à 50$ et une table finale WSOP, il y a un monde. Ce soir, c’est 8 millions de dollars qui sont sur la table. Et pour les gagner, il faut battre Koray Aldemir, dont le niveau technique et l’expérience ne sont plus à prouver.

« Je pense qu’il s’en fout complètement, coupe Mike. George n’est pas du genre à se laisser impressionner par ce genre de choses. Je dirai même qu’en termes de profil, c’est plus difficile pour l’Allemand. George est un bien plus unique pour Aldemir, qu’Aldemir ne l’est pour George. On sait que Koray est un super joueur, qu’il joue de très grosses parties, qu’il maitrise parfaitement tous les aspects techniques du jeu. Mais pour Aldemir, George est un inconnu. Et avec son jeu imprévisible, il est très difficile de le lire ».

Après cette petite conversation, les deux joueurs reviennent à table. Et au bout de seulement trois minutes, les deux joueurs chauffent le moteur. Open de George 4 600 000 défendu par Aldemir puis Holmes démarre la moissonneuse batteuse. 3 barrels envoyés sur un board 753K5. 3,8 millions flop, 8 millions turn et un beau 20 millions river, snap call par Aldemir ! George retourne 64, pour une suite flopée, Koray muck. Holmes reprend le lead : 244 millions contre 155. Ce heads-up est complètement indécis.

Rail Holmes

Koray Aldemir, dernier champion du monde au Rio

Deux après Hossein Ensan, un Allemand s'impose encore sur le Main Event des WSOP Koray Aldemir l'emporte face à George Holmes, dans un finish qui aura été plutôt indécis

koray_winner

Nous ne vivrons plus jamais le Main Event des WSOP au Rio de Las Vegas. C'est fait, c'est terminé, après de longues années, il est temps de déménager. Au vu de l'ambiance du soir, plutôt très sage et au milieu d'autres tournois de ces championnats du monde pas du tout terminé, on a presque envie de dire "tant mieux". Qu'elle est loin l'époque où la finale se déroulait dans le Théatre du Rio, avec des gradins immenses pour les nombreux spectateurs, les cotillons, Antoine Saout, Phil Ivey, la folie... C'est dans un climat beaucoup plus intimiste cette année qu'un jeune homme est venu s'imposer. N'étiez-vous toujours pas au courant que le poker est un jeu international, mais que bien souvent à la fin, c'est l'Allemagne qui gagne ? Koray Aldemir est le nouveau champion du Main Event WSOP et cette victoire ne souffle d'aucune contestation, bien qu'elle ne fut pas aussi simple que prévu à glaner.

Après un combat de 223 mains sur cette finale, dont une bonne cinquantaine en tête-à-tête, le désormais quatrième joueur de la All Time Money List Allemagne empoche huit millions de dollars et un très gros bracelet de champion du monde, son premier bracelet en carrière, après avoir finalement réussi à se débarrasser de George Holmes, l'homme qui aura permis à un plus d'un passionné de poker de se reconnaitre en lui. Tout est possible à ce jeu : l'amateur américain repart avec 4,3 millions de dollars pour son second cash en carrière, le deuxième sur ce Main Event WSOP. Non, ce n'est pas un professionnel, juste un fan invétéré de ce jeu qui ne s'octroie qu'une seule pause dans son année pour aller disputer le Big One. 213e en 2019, 2e, 2021, George a compris quelque chose à ce tournoi qui échappe à beaucoup de monde.

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Il y a plusieurs jours de cela, tant son avance était importante, tant son niveau poker paraissait supérieur, beaucoup avaient déjà décrété que Koray Aldemir serait champion du monde aisément. Sauf que ce finish n'aura pas été une énorme partie de plaisir : "Je sais que beaucoup de gens s'attendaient à me voir gagner parce que j'étais large chipleader et que j'avais plus d'expérience, ça aurait été énormément décevant de perdre, surtout vu l'écart de prix entre le 1er et le second, j'ai essayé de ne pas trop regarder les sociaux, même si je sais que j'ai reçu pas mal de messages depuis."

koray_winner

Cette finale s'est conclue sur un très joli call de Koray Aldemir, qui a défendu T7 sur une ouverture de l'Américain. Puis sur un flop T72, Koray a check raise le c-bet de son adversaire de 6 millions à 19 millions, avant que la turn K ne fasse une entrée fracassante sur la table. Et oui, George Holmes a effet float le flop avec KQ et enfin trouvé une paire. Il ne le sait pas encore, mais cette carte lui sera fatale. Koray Aldemir mise 36,5 millions, puis sur la river 9, l'Allemand change d'option en checkant, afin de laisser s'engouffrer son adversaire dans ce piège. "Le flop était incroyable bien sûr, j'ai moins aimé la turn, mais de toute façon, j'avais pour plan de check/call sur la river. Je pensais qu'il aurait trop de bluff ici en faisant tapis. Bon après... il ne fallait pas que je me trompe sinon je me serais retrouvé dans une situation bien compliquée."

Il ne s'est pas trompé et a alors pu lever les mains au ciel, avant de sauter dans les bras de son rail. Quel soulagement cela doit être de terminer en beauté le plus gros tournoi du monde de poker. Steven

koray aldemir La réflexion avant de call...

koray_winner
La réaction après le bon call

Holmes, runner-up panache

Au désespoir du rail américain qui a chanté, hurlé à la gloire de George Holmes depuis ce matin, le Main Event ne reviendra pas aux Etats-Unis. L’ultime duel a tourné en faveur de Koray Aldemir, mais c’est la tête haute que George Holmes sort du tournoi. L’organisateur de home game aura réalisé un parcours exceptionnel, ponctué d’un finish épique, où l’Américain a su se relever malgré quelques mauvais coups reçus en début de finale. Tenant en respect le jeune Jack Olivier, George a réussi à combler l’écart, pourtant considérable, qui le séparait du chipleader pour faire douter Koray Aldemir, tout en restant fidèle à son style de jeu créatif et imprévisible.

"C’était vraiment un adversaire très dur, déclare le grand vainqueur au sujet de son runner-up. Je ne m’y attendais pas au début, mais il joue vraiment très bien. On l’a vu contre moi et contre les autres, c’est un joueur qui te met dans des spots très compliqués. Il est capable de faire des bons bluffs, des gros folds… Ca lui a permis de combler l’écart alors que j’avais une belle avance. J’ai vraiment du me battre pour remporter la partie".

holmes

Adoubé par le “high-staker”, George a surtout fait rêver des milliers d’amateurs aux États-Unis et partout dans le monde. L’homme qui organise chaque semaine des parties avec ses amis d’Atlanta a montré qu’on pouvait se défendre face aux meilleurs, sur le plus mythique des tournois, avec des armes maisons, un poker peu standard et une belle dose d’audace.

Rappelons qu’en tournoi officiel, cet homme ne joue que le Main Event WSOP. George est un puriste, qui sait choisir son tournoi et qui performe comme personne. En deux tentatives, George enchaîne un deuxième deeprun, tout en améliorant significativement son score de la dernière fois (50 855 $) : 4 300 000 $ pour récompenser sa 2e place. Ça donne une fiche Hendon Mob improbable, devant laquelle on ne peut que s’agenouiller.

Deux tournois suffisent à George Holmes pour marquer l’histoire des WSOP, faire rêver tout un peuple et montrer au monde entier qu’il a l’étoffe d’un grand. GG George.

Georges Holmes

Koray étend son récif

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L’interview du vainqueur est toujours un moment particulier. Parfois, les joueurs le redoutent, peu à l’aise devant les caméras qui l’observent et les micros qui lui sont tendus. En finale de ce Main Event WSOP, ce n’est pas un, mais une armée de journalistes qui braquent leur iPhones, zooms et dictaphones sur le héros du tournoi. Mais Koray aborde l’épreuve comme il aborde une table finale ou un énorme bet à tapis river : avec une totale sérénité. En revanche, c’est un large sourire qui a remplacé la poker face impeccable de l’Allemand. Normal, le joueur vient de remporter le plus beau tournoi du monde ainsi que 8 millions de dollars.

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« C’est le tournoi qu’on regarde tous : Tous les joueurs de poker rêvent d’arriver en table finale de le remporter le Main Event WSOP, déclare Aldemir. On y pense tous un jour. Je me suis vu aussi le gagner, mais pas de manière réaliste. Je sais que la chance joue énormément pour percer ce tournoi. C’est ce qu’il s’est passé du Day 2 jusqu'à la finale. C'est un bonheur incroyable. ».

Avec son humilité caractéristique, Koray préfère mettre en avant le run exceptionnel qu’il a connu cette semaine plutôt que sa technique, son skill. Mais ce soir, c’est un joueur de talent et un compétiteur fabuleux qui est sacré dans le temple de l’Amazon Room.

En presque dix ans de carrière, Koray Aldemir a montré aux yeux du monde entier qu’il appartenait à l’élite des grinders. Partant des tournois réguliers à 200 € au casino Spielbank de Berlin, le joueur a gravi les échelons et les stakes à toute allure pour atteindre les hauts plateaux du poker mondial. Désormais installé depuis quelques années sur les buy-ins vertigineux, Koray Aldemir a enchaîné les scores affolants, en battant les meilleurs joueurs du monde. Finaliste High Roller WSOP pour 2 millions de dollars en 2016, finaliste PCA, WSOP Europe, runner-up des Pokerstars Championship, High Roller EPT, vainqueur WPT, US Poker Open, Triton… Aldemir ajoute la ligne ultime à son palmarès colossal. Malgré cela, il ne devient "que" le 4e plus gros gagnant dans son pays, encore loin derrière Fedor Holz.

Aldemir est un gagnant, mais la victoire n'est belle que si on la partage avec les gens qui comptent. Et sur cette finale, il a été poussé par un rail magnifique. "C’était incroyable de ressentir cette énergie. Je faisais partie du rail il y trois ans quand Hossein a gagné", informe Koray qui se rappelle au bon souvenir de 2019, "c’était génial de l’avoir à mon tour aujourd’hui. Ma famille n’a pas pu venir, c’était trop loin et il n’y avait pas de “break” mais tous mes amis de poker sont là".

Et après ? Quel objectif une fois qu'on gagné le plus beau de tous ? Que faire quand on a terminé le Game ? "Ouf, je ne sais vraiment pas", réponds Koray pris de court. "Je vais probablement chiller quelques jours pour faire redescendre l’émotion. Enfin, pas aujourd’hui, je pense que ce soir, on va faire la fête !" Fausto

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Résultats de la table finale

Vainqueur - Koray Aldemir (Allemagne) 8 000 000 $ Second - George Holmes (USA) 4 300 000 $ 3e - Jack Oliver (UK) 3 000 000 $ 4e - Joshua Remitio (USA) 2 300 000 $ 5e - Ozgur Secilmis (Turquie) 1 800 000 $ 6e - Hye Park (USA) 1 400 000 $ 7e - Alejandro Lococo (Argentina) 1 225 000 $ 8e - Jareth East (UK) 1 100 000 $ 9e - Chase Bianchi (USA) 1 000 000 $

L'Allemagne, encore et toujours elle

Si on enlève l'étrange édition 2020, la Mannschaft réalise d'ailleurs un improbable back-to-back. Avec cette victoire, Koray Aldemir inscrit son nom aux côtés d'Hossein Ensan (2019) et Pius Heinz (2011). Tous les trois se sont imposés lors de cette décennie passée. Il s'agit de la nation la plus représentée hors États-Unis, et même si la France a par exemple bien brillé sur tout le festival, elle cherche encore son premier champion du monde sur le Main Event.

Avec cette victoire, Koray Aldemir dépasse Dominik Nitsche au classement des Allemands les plus en joie sur des tournois live, même s'il est encore à plus de 12 millions de dollars de la légende Fedor Holz. Il ajoute un 12e (!) ITM à son vegas 2021.

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